Pour réduire les dépenses de santé, le gouvernement a identifié un chantier prioritaire : les arrêts maladie.
Leur nombre a bondi depuis 2020, surtout chez les cadres.
Parmi eux, certains sont pourtant totalement illégaux.

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Le 20H

L’alerte a été lancée par la ministre des Comptes publics dans « Bonjour ! La Matinale TF1 » mercredi 16 avril. « Les arrêts maladie aujourd’hui, ils ont augmenté, pour la facture collective, de 25% depuis la fin du Covid », a déploré Amélie de Montchalin. Les chiffres le prouvent : en 2023, le paiement des indemnités journalières a coûté 10,2 milliards d’euros à l’Assurance maladie, selon les statistiques du ministère de la Santé. En 2010, ce chiffre ne s’élevait qu’à six milliards d’euros, comme le montre la vidéo du 20H de TF1 en tête de cet article.

Les arrêts maladie ont explosé depuis les années 2010 – Reportage 20H TF1

Mais une catégorie socio-professionnelle est plus concernée que les autres par cette hausse : les cadres. « En une seule année, leur taux d’absentéisme a bondi de plus de 9%, ce qui est très significatif », explique Yves Hérault, directeur data d’Axa France. La dernière étude de ce grand groupe d’assurance révèle une autre donnée importante : « Ce sont les jeunes cadres qui sont les plus concernés par cette hausse. »

Selon un rapport du Comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’Assurance maladie publié mi-avril, les moins de 29 ans et les plus de 60 ans « contribuent pour plus de moitié à la hausse des dépenses ». « C’est aussi pour ces deux classes d’âge que le nombre moyen de jours d’arrêt de travail augmente le plus », ajoutent les auteurs.

Chez les jeunes, récemment entrés sur le marché du travail, les troubles psychologiques sont devenus la première cause d’arrêts longue durée. De quoi laisser les médecins parfois désemparés face à leurs patients. « Si je ne lui donne pas l’arrêt de travail, soit il va faire vraiment un syndrome dépressif sévère, voire s’écrouler, soit il va consulter un autre médecin », regrette au micro de TF1 Tura Milo, médecin généraliste à Paris.

Les deux classes d'âge dites "extrêmes" sont responsables de plus de la moitié de la hausse des dépenses
Les deux classes d’âge dites « extrêmes » sont responsables de plus de la moitié de la hausse des dépenses – Reportage 20H TF1

Autre explication à ce boom des arrêts maladie : la fraude. Sur Internet, en seulement quelques clics, de nombreux sites totalement illégaux permettent de se procurer un arrêt de travail, signé par un véritable praticien dont l’identité a été usurpée. En 2024, sur les 30 millions d’euros de fraude détectés, 60%, soit 18 milliards d’euros, ont été empêchés grâce à des contrôles.

Certaines villes ont donc décidé de renforcer les inspections. C’est le cas à Nice, où Gwénaelle Tasset, directrice santé en charge de la lutte contre la fraude à la Caisse d’Assurance maladie des Alpes-Maritimes, montre un document qui l’interroge : « Sur celui-ci, on voit qu’il y a une distance très grande entre le domicile de l’assuré et le lieu d’exercice du professionnel de santé. Ça fait partie des différents faisceaux d’indices qu’on peut avoir et qui peuvent nous interpeller. »

Enfin, pour tenter d’endiguer cette fraude, le gouvernement compte aussi sur la disparition progressive des arrêts de travail papier non-vérifiés, annoncée par l’Assurance maladie en mars. Déployé à partir du mois de juin, ce nouveau dispositif obligera les médecins à éditer leurs documents sur un logiciel sécurisé. Avec un QR code, ils seront censés être impossibles à falsifier et à photocopier.

La rédaction de TF1info | Reportage TF1 : Marine BROSSARD, Caroline PHILIPPE

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