- Depuis deux ans, des montagnes de boîtes de maïs chinois sont exportées vers la France.
- D’ores et déjà, les pertes pour la filière française sont estimées à plusieurs millions d’euros.
- Regardez ce reportage du JT de 20H de TF1.
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Le 20H
La concurrence chinoise n’est pas cantonnée aux voitures, aux panneaux solaires ou aux vêtements vendus deux euros sur les plateformes en ligne. Dorénavant, les aliments venus de Chine s’invitent aussi massivement dans nos assiettes. Le cas du maïs est particulièrement évocateur : depuis deux ans, des boîtes de conserve parcourent plus de 8.000 km pour atterrir dans nos supermarchés, représentant 15% des ventes en rayon, soit six fois plus qu’il y a quatre ans, souvent sans que le consommateur français ne connaisse sa provenance, comme le montre le reportage du JT de 20H de TF1 visible en tête de cet article.
Comme rien n’oblige légalement les industriels à afficher l’origine du maïs, les boîtes de conserve chinoises se font discrètes à ce sujet, quand leurs homologues françaises font tout le contraire. Alors, si même en cherchant bien, rien n’est précisé, cela doit vous mettre la puce à l’oreille. Ce n’est pas la seule différence. « Ils le vendent sur le marché unique
(de l’Union européenne, ndlr) à un prix deux fois moins cher que nos coûts de production »
, pointe, document juridique à l’appui, Adrien Mary, directeur général de l’AETD (Association européenne des transformateurs de maïs doux).

En cause : le coût du travail, bien moindre en Chine qu’en Europe, mais pas seulement. Sur le maïs comme sur d’autres cultures, il faut savoir que Pékin arrose les semences, les engrais et même l’acier, nécessaire à la fabrication des conserves, de subventions visant spécifiquement à favoriser les exportations. Une véritable offensive économique. « Une entreprise étrangère vend sur le marché européen à un prix qui est en dessous de son coût de production. En fait, on ne joue pas à armes égales. Vous imaginez bien que ça tire vers le bas toute la filière et que ça met en grand danger les agriculteurs européens. C’est une stratégie, ça s’appelle le dumping »
, prend soin de préciser Adrien Mary.
D’ores et déjà, les pertes pour la filière française sont estimées à plusieurs millions d’euros. L’agriculteur Arnaud Tachan, qui dit avoir divisé sa production par trois ces quatre dernières années, en témoigne : « Nous, aujourd’hui, on est très restreints, notamment par toutes les autorités qui nous régissent sur l’utilisation des produits phyto. Eux, c’est open bar. »
Pour rétablir l’équilibre, la commission européenne a imposé des droits de douane sur le maïs chinois. Mais une enquête est justement en cours pour décider s’ils seront maintenus ou non. La décision, très attendue, est prévue pour février 2026.