Des gendarmes français surveillent des migrants qui tentent de traverser la Manche au large de Neufchâtel-Hardelot (Pas-de-Calais), le 30 juin 2025.

Dans les eaux froides et agitées du détroit du Pas-de-Calais, une évolution stratégique majeure est à l’œuvre face à la pression migratoire : alors que, depuis le début de l’année, plus de 31 000 personnes ont réussi à rejoindre l’Angleterre à bord de canots pneumatiques, les autorités françaises ont décidé de recourir à des « interceptions », comme à Mayotte.

Voir aussi les cartes (2024) | Article réservé à nos abonnés La Manche, une frontière toujours aussi meurtrière pour les migrants

Si la France défendait jusque-là la primauté de la sauvegarde de la vie humaine dans la Manche, ce « changement de braquet » a été acté le 10 juillet. Ce jour-là, à l’issue d’une visite d’Etat de trois jours au Royaume-Uni, le président de la République, Emmanuel Macron, et le premier ministre britannique, Keir Starmer, se retrouvent sur la base militaire de Northwood pour entériner leur réconciliation. Celle-ci se scelle notamment autour d’une concession de Paris à Londres : la France annonce un changement de doctrine en mer pour « arraisonner » les bateaux qui quittent le littoral français en direction du Royaume-Uni.

Voilà des mois que, sous la pression britannique, le ministère de l’intérieur pousse pour assumer des opérations de police en mer. « Plusieurs fois, l’Etat s’est posé la question, indiquait avant l’été une source au ministère de la mer. Mais si vous arraisonnez, un jour ou l’autre, ça va cabaner [se renverser]. Faire de la police en mer, cela nécessite une doctrine d’emploi. Une des possibilités, c’est de devoir reprendre de vive force une embarcation. Cela requiert des compétences techniques très spécialisées, qui ne sont pas maîtrisées par l’ensemble des forces de l’ordre. »

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