De mémoire de militant, ça n’était pas arrivé depuis « les années Sarkozy ». C’est en tout cas ce qu’avance Armelle Gardien, la cofondatrice de Réseau Education sans frontières (RESF), après que, mercredi 22 janvier, des gendarmes sont allés interpeller une collégienne de 14 ans à l’intérieur du collège où elle était scolarisée depuis décembre 2024, à Maizières-lès-Metz (Moselle), pour la renvoyer ensuite vers la Belgique avec sa mère et son petit frère. Une situation qui a suscité l’émoi de la communauté éducative.

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La famille, de nationalité burkinabée, était visée, à la suite du dépôt d’une demande d’asile, par un arrêté préfectoral de transfert vers la Belgique, dans le cadre de l’application du règlement européen de Dublin. Ce dernier prévoit en effet qu’un seul Etat est responsable de l’examen de la demande d’asile d’une personne, celui où ses empreintes ont été enregistrées. En l’espèce, la Belgique.

« Cette interpellation va à l’encontre d’orientations ministérielles prises à deux reprises, en 2005 et 2013, considérant que l’école est un terrain infranchissable, s’indigne Armelle Gardien. Mais avec le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, rien n’est infranchissable. » Responsable de RESF en Moselle, Eric Florindi affirme que le précédent dans le département remonte à février 2005, lorsque des gendarmes étaient allés chercher deux élèves irakiens dans un collège, en vue de leur éloignement.

« Sanctuaire » de l’espace scolaire

La communauté enseignante s’est immédiatement mobilisée pour défendre le « sanctuaire » de l’espace scolaire, face à une situation qui rappelle aussi celle de Leonarda, 15 ans, expulsée vers le Kosovo le 9 octobre 2013 après avoir été arrêtée pendant une sortie scolaire. Cette affaire à fort retentissement médiatique avait poussé le ministre de l’intérieur de l’époque, Manuel Valls, à produire une instruction aux préfets, le 19 octobre suivant, précisant que « l’exécution de mesures d’éloignement d’étrangers en situation irrégulière ne doit en aucun cas donner lieu à des interventions au sein ou aux abords des écoles et établissements scolaires ».

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