Le Premier ministre se déplace à Menton (Alpes-Maritimes) et Vintimille (Italie) ce jeudi en compagnie du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Ils participeront à une réunion de travail avec deux membres du gouvernement de Giorgia Meloni.
Un déplacement qui intervient au moment où l’Union européenne est divisée sur la question de l’immigration.

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Les premiers pas du gouvernement Barnier

C’est un dossier sur lequel il se sait (très) attendu. Le Premier ministre Michel Barnier effectue ce vendredi 18 octobre un déplacement symbolique à Menton, à la frontière franco-italienne, en compagnie du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau pour une « réunion de travail » avec deux membres du gouvernement de Giorgia Meloni qui associe la droite et l’extrême droite, le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani et le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi. Ils iront également à Vintimille, en Italie, autre lieu emblématique de passage des migrants.

Cette visite intervient au lendemain d’un sommet européen à Bruxelles qui portait sur ce même sujet inflammable. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et une partie des dirigeants de l’UE se disent favorables à une nouvelle loi pour « accélérer » les expulsions de migrants illégaux, même si des désaccords persistent sur l’initiative de l’Italie de recourir à des centres d’accueil dans un pays tiers , l’Albanie en l’occurrence.

Un domaine partagé avec l’Élysée

Ces centres ne sont qu’une « goutte d’eau » et « pas une solution pour des grands pays » comme l’Allemagne, a ainsi déclaré le chancelier Olaf Scholz. L’Espagne y est opposée pendant que la France, prudente, invite à « favoriser les retours lorsque les conditions le permettent« , plutôt que « dans des hubs en pays tiers« , selon l’Élysée. Reste à savoir ce que Michel Barnier en dira, lui qui a participé jeudi à Bruxelles à une réunion du Parti populaire européen, aligné sur les propositions des groupes d’extrême droite au Parlement.

Cette visite doit également permettre au nouveau locataire de Matignon, ancien commissaire européen et négociateur du Brexit, de montrer son implication sur les questions européennes, qu’il considère comme un « domaine partagé » avec le président Emmanuel Macron et non « réservé » au chef de l’État. Le déplacement vise, selon une source diplomatique italienne, à « renforcer davantage la coopération migratoire et transfrontalière » entre les deux pays.

En attendant une nouvelle loi

Le Premier ministre français et Antonio Tajani, qui est aussi vice-président du Conseil des ministres italien, se connaissent bien depuis leurs années bruxelloises. L’ancien commissaire à l’Industrie avait salué la nomination de Michel Barnier à Matignon en rappelant le « bon travail fait ensemble à Bruxelles« , selon la source italienne.  Antonio Tajani a salué jeudi à Bruxelles la venue de Michel Barnier, longtemps élu de la Savoie voisine, qui « va renforcer l’amitié franco-italienne« .

Cette séquence pourrait permettre au nouveau gouvernement français de se démarquer de l’exécutif précédent, qui avait connu des moments de tension avec Rome. L’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait en 2023 proposé son « aide » à Giorgia Meloni pour « tenir sa frontière extérieure » , quand cette dernière réclamait davantage de solidarité envers l’Italie pour l’accueil des migrants.

Début octobre, les deux gouvernements avaient convenu de créer début 2025 une unité de coopération pour échanger des renseignements sur les réseaux de passeurs de migrants, sur le modèle d’une structure fonctionnant depuis 2020 entre la France et le Royaume-Uni. Ce jeudi, les ministres devraient également insister sur le contrôle des frontières intérieures, même si en France ce contrôle est rétabli quasiment sans discontinuer tous les six mois depuis 2017 pour menace persistante, comme le prévoit le règlement européen.

Enfin, Michel Barnier est attendu sur le contenu de la nouvelle loi sur l’immigration, promise pour début 2025, soit seulement un an après la dernière, qui avait fracturé le camp macroniste. Les propositions récentes de Bruno Retailleau, comme la prolongation de la rétention administrative, le divisent à nouveau alors qu’ils sont partenaires du même gouvernement. Or une telle loi fait partie des conditions posées par le Rassemblement national pour ne pas faire tomber le gouvernement, qui ne dispose pas de majorité à l’Assemblée nationale.


J.V. avec AFP

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