Ces derniers temps, la France a tant de défis à relever qu’on serait tenté d’ironiser sur ce qui va accaparer les députés au cours des prochaines semaines : l’éventuel changement du mode de scrutin législatif. En décidant d’engager une consultation de tous les partis et groupes parlementaires sur un éventuel passage à la proportionnelle à un tour, François Bayrou est, certes, cohérent avec lui-même : dans l’opposition comme dans la majorité, le président du MoDem a toujours milité pour un système électoral n’écrasant pas les petits partis et plus respectueux du pluralisme que le scrutin majoritaire à deux tours.

Celui-ci a contribué, pendant des décennies, à forger la bipolarisation de la vie politique en faisant émerger un parti dominant à droite, un autre à gauche avant d’atteindre ses limites avec la tripartition de la vie politique.

Mais le sujet du changement de mode de scrutin a été si souvent brandi durant les campagnes électorales pour être aussitôt abandonné après l’élection faute de consensus qu’on serait tenté de dire : à quoi bon remettre le couvert ? N’y a-t-il pas d’autres urgences ?

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La méthode, en réalité, compte autant que le fond. Si le premier ministre décide de laisser la main aux partis, on peut s’attendre au pire. Chacun va peser le pour et le contre, mesurer ce qu’il risque de perdre et est susceptible de gagner, militer pour le système qui l’avantage le plus au risque de tout bloquer.

Tractations en coulisse

Sur le papier, une large majorité existe en faveur de la proportionnelle qui consiste pour chaque parti à dresser une liste de candidats et à se voir attribuer un nombre de sièges correspondant à la part des voix qu’il a obtenues. Elle va du Rassemblement national (RN) à La France insoumise (LFI) en passant par le Parti socialiste, Les Ecologistes, et une partie du bloc central. Seuls Horizons et Les Républicains y sont par principe hostiles, de peur de voir l’exécutif perdre en cohérence et en rapidité d’exécution au moment où les bouleversements du monde requièrent des adaptations profondes et rapides.

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