Trois hommes dont un membre d’un consulat algérien en France, ont été arrêtés et mis en examen vendredi pour enlèvement et séquestration d’un influenceur opposant au régime algérien.
Samedi soir, l’Algérie a « vivement protesté » contre cette détention, exigeant la libération « immédiate » de son agent.
« Ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable causera un grand dommage aux relations algéro-françaises », a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères, alors que celles-ci s’étaient apaisées ces derniers jours.
La relation entre la France et l’Algérie va-t-elle de nouveau s’assombrir ? Samedi soir, l’Algérie a « vivement protesté » contre la détention en France d’un agent consulaire, accusé d’implication dans l’enlèvement fin avril sur le sol français de l’influenceur algérien Amir Boukhors. Trois hommes, dont un travaille dans un consulat d’Algérie en France, ont été mis en examen vendredi à Paris, pour arrestation, enlèvement, séquestration, détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour, en relation avec une entreprise terroriste, selon le parquet national antiterroriste (Pnat) français. Une affaire « inadmissible »,
Le ministère algérien des Affaires étrangères a tonné samedi soir contre « ce nouveau développement inadmissible et inqualifiable (qui) causera un grand dommage aux relations algéro-françaises ». Il s’est engagé à ne pas « laisser cette situation sans conséquences ».
Alger proteste sur « la forme » et sur « le fond »
La diplomatie algérienne a précisé avoir reçu l’ambassadeur de France Stéphane Romatet pour « exprimer (s)a vive protestation ». Alger a protesté sur « la forme » et sur « le fond » de l’affaire. Elle a rappelé que « l’agent consulaire a été arrêté en pleine voie publique puis placé en garde à vue sans notification par le canal diplomatique », et a dénoncé « l’argumentaire vermoulu et farfelu » du ministère de l’Intérieur français, fustigeant une « cabale judiciaire inadmissible » reposant « sur le seul fait que le téléphone mobile de l’agent consulaire inculpé aurait borné autour de l’adresse du domicile de l’énergumène » Amir Boukhors.
Cet influenceur algérien est en France depuis 2016, y a obtenu l’asile politique en 2023 et son pays le réclame pour le juger. Alger a émis neuf mandats d’arrêt internationaux à son encontre, l’accusant d’escroquerie et d’infractions terroristes. En 2022, la justice française a refusé son extradition.
Alger exige la libération « immédiate » de son agent
Pour la diplomatie algérienne, « ce tournant judiciaire, inédit dans les annales des relations algéro-françaises, n’est pas le fruit du hasard ». Il se produit « à des fins de torpillage du processus de relance des relations bilatérales convenu entre les deux chefs d’Etat (français et algérien, ndlr) lors de leur récent entretien téléphonique », a déploré le ministère des Affaires étrangères. Il a exigé la libération « immédiate » de son agent consulaire.
De vives tensions affectent les relations entre la France et l’Algérie depuis que le président Emmanuel Macron a décidé fin juillet d’appuyer un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, aggravées avec l’arrestation, l’incarcération et la condamnation fin mars à Alger à cinq ans de prison ferme de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour atteinte à l’intégrité du territoire. Mais les tensions s’étaient un peu apaisées à la faveur d’un appel le 31 mars entre Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune.