Des agents de police présents devant la résidence de Courchevel (Savoie) le jour du drame, le 20 janvier 2019. Fanny HARDY/AFP

Le propriétaire d’une résidence à Courchevel (Savoie), où deux saisonniers avaient péri dans un incendie le 20 janvier 2019, a été condamné vendredi 4 juillet à trois ans de prison dont six mois ferme, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès des avocats.

Condamné pour homicides et blessures involontaires, Eric Claret-Tournier, 59 ans, pourra effectuer sa peine sous bracelet électronique. Le tribunal correctionnel d’Albertville (Savoie) est allé au-delà des trois ans de prison avec sursis requis le 6 juin à l’encontre de cet homme d’affaires, accusé d’avoir négligé la sécurité du bâtiment qui, entre autres, n’avait pas de porte coupe-feu et uniquement des extincteurs défaillants.

« C’est une grande victoire pour les victimes, la responsabilité du propriétaire a été reconnue », a déclaré à l’AFP l’avocat de plusieurs parties civiles, MSylvain Cormier, considérant le « jugement exemplaire ». Pour la défense, « c’est une peine sévère juridiquement non fondée », a réagi MMichel Herlemont, qui va faire appel. Son client a également été condamné à une peine de 50 000 euros d’amende et 700 000 euros pour trois de ses sociétés, a-t-il précisé.

Détecteurs de fumée et système de désenfumage dysfonctionnels, lance à eau à faible débit : Eric Claret-Tournier a été accusé d’avoir accumulé les « négligences » dans la résidence Isba, où l’incendie criminel a aussi fait une vingtaine de blessés.

Une résidence pour saisonniers non conforme aux normes

L’auteur de l’incendie, un jeune homme de 28 ans, a été condamné le 27 mai à la perpétuité, mais les parties civiles attendaient beaucoup du procès du propriétaire des lieux, « symbole du mal-logement en montagne » selon la CGT.

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A l’Isba [nom de la résidence incendiée], il régnait « un laisser-aller qui, indépendamment de la question du respect des normes, montre bien qu’il y a une ambiance totalement dégradée », avait pointé le procureur Pierre Becquet lors de son réquisitoire. L’homme d’affaires, à la tête de onze hôtels, restaurants et boîtes de nuit dans la station de ski huppée, avait nié à la barre avoir su qu’il lui incombait de réaliser des travaux de mise aux normes. « Nul n’est censé ignorer la loi », lui avait rétorqué le procureur.

« Si des travaux avaient été faits, les résidents auraient eu vingt minutes de plus » pour se sauver, avait plaidé MSarah Pereira, l’avocate de la famille d’Olivier Van Lerberghe, saisonnier de 49 ans, mort asphyxié dans sa chambre. La seconde victime, Zalhata Ali Bacar, était mère de quatre enfants et âgée de 31 ans. C’était « un bâtiment vieillot mais entretenu », avait rétorqué la défense, reconnaissant seulement « un manque de formalisme » et demandant alors la relaxe.

Cette résidence accueillait depuis 2009 exclusivement des travailleurs saisonniers, sur trois étages. Près d’une cinquantaine d’entre eux y résidait lors de l’hiver 2018-2019, période à laquelle s’est produit l’incendie. Sur les dizaines de blessés, certains gardent des séquelles à vie.

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Le Monde avec AFP

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