Devant l’ampleur des dégâts causés par les incendies en Espagne, le premier ministre, Pedro Sanchez, a annoncé dimanche 17 août « un pacte national face à l’urgence climatique ».
Il s’agira d’« atténuer les effets du changement climatique et de s’y adapter », a-t-il expliqué lors de la visite du centre de coordination des incendies à Ourense, en Galice (pointe nord-ouest), une des régions les plus touchées par les feux de forêt cet été. Il a promis d’avoir les bases de ce « pacte » en septembre.
« Avoir des incendies de cette ampleur, avoir des “Dana” [nom du phénomène météorologique qui avait donné lieu aux inondations meurtrières qui ont touché la région de Valence fin octobre 2024] comme nous en vivons en automne ou en hiver, montre que l’urgence climatique qui touche le monde s’accélère, s’aggrave, surtout dans la péninsule Ibérique. »
Mener une réflexion de fond
« Les incendies seront éteints, la reconstruction de toutes les zones touchées sera abordée, mais je crois que nous devons également mener une réflexion de fond, une stratégie qui anticipe une meilleure réponse », poursuit le premier ministre, qui assure vouloir « faire tout ce qui est possible et encore davantage » pour que les victimes des incendies retrouvent « une vie normale ».
« Face à l’aggravation et à l’accélération des effets du changement climatique dans [son] pays », le dirigeant socialiste a considéré que ce pacte viendrait concerner « toutes les administrations publiques, mais pas seulement. Les groupes parlementaires, l’ensemble de la société civile, la science, les entreprises, les syndicats, en définitive, l’ensemble du pays ».
Ce pacte fournirait les « ressources aux agents publics, aux fonctionnaires, non seulement lorsque l’incendie a lieu, mais aussi en amont, afin qu’ils puissent répondre de manière beaucoup plus efficace ». « La réponse aux incendies qui ravagent l’Espagne est là », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse.
Crise politique
Les incendies ont été au cœur du débat politique de ces derniers jours dans un pays où leur gestion revient en premier lieu aux régions, mais où l’Etat central peut être sollicité et intervenir quand la situation s’aggrave. Les deux principaux partis n’ont cessé de se critiquer, estimant manquer de moyens et d’autres de ne pas les avoir réclamés.
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« Chaleur humaine »
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Les présidents régionaux de Galice, de Castille-et-Léon et d’Extrémadure – les trois régions les plus ravagées par le feu –, tous du Parti populaire (PP, conservateur), ont réclamé au gouvernement des renforts supplémentaires, avec l’envoi de plus de militaires.
Une centaine de soldats de la marine ont été appelés à la rescousse pour venir soutenir l’unité militaire d’urgence dans le nord-ouest du pays, a annoncé le ministère de la défense dans un communiqué.
Plus de 70 000 hectares ont brûlé
Plus de 70 000 hectares ont brûlé en Espagne ces derniers jours et plus de 157 000 depuis le début de l’année, selon le système européen d’information sur les feux de forêts (Effis), des chiffres en hausse constante.
Selon les derniers chiffres des autorités galiciennes, la région a vu 51 000 hectares partir en fumée. C’est dans cette zone que la garde civile a secouru dimanche 17 août une personne qui tentait avec son tracteur de creuser une tranchée coupe-feu et qui s’était retrouvée encerclée par les flammes.
Pedro Sanchez doit ensuite se rendre en Castille-et-Léon, région endeuillée par le décès de deux jeunes volontaires trentenaires morts en tentant d’éteindre les incendies. Plusieurs milliers de personnes restent évacuées là-bas, selon les secours, et les autorités de Castille-et-Léon ont mis en garde dimanche contre les « niveaux élevés de particules » dans l’air, « conséquence directe des émissions causées par les nombreux incendies ».
L’agence météorologique Aemet a fait état de « températures extraordinairement élevées » et d’un « danger d’incendie extrême dans la majeure partie du pays ». Sur X, l’agence a posté des images satellites montrant la « fumée des incendies du nord-ouest de la péninsule et la poussière en suspension provenant du désert (…) laissant une couleur blanchâtre dans le ciel ».