Le changement climatique a intensifié 26 des 29 événements extrêmes étudiés par le World Weather Attribution en 2024.
Des phénomènes qui ont provoqué la mort d’au moins 3700 personnes et déplacé des millions d’autres.
La crise actuelle a également eu plus d’influence dans les événements extrêmes que le développement d’El Niño.

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Notre planète

En cette fin d’année 2024, l’heure est aux bilans. Et il y en a dont on se passerait bien. Selon la dernière étude du World Weather Attribution (nouvelle fenêtre) publiée vendredi 27 décembre, cette année, le changement climatique a joué un rôle dans l’intensification de 26 des 29 événements météorologiques étudiés par l’organisation (sur les 219 recensés sur l’année). Des tempêtes, cyclones ou sécheresses qui ont été davantage influencés par le changement climatique que le terrible El Niño (nouvelle fenêtre), pointe le WWA.

« L’impact des énergies fossiles sur le réchauffement n’a jamais été aussi net ou dévastateur qu’en 2024. Nous vivons dans une ère dangereuse, prévient ainsi Friederike Otto, à la tête de l’organisation, dans un communiqué. Cette année, les conditions météorologiques extrêmes ont tué des milliers de personnes, forcé des millions à quitter leur domicile et causé des souffrances incessantes. Les inondations en Espagne (nouvelle fenêtre), les ouragans aux États-Unis, la sécheresse en Amazonie et les inondations en Afrique ne sont que quelques exemples ». 

L’année la plus chaude

Ce rapport intervient alors que l’année 2024 sera la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, avec la journée la plus chaude jamais vécue enregistrée le 22 juillet dernier. De façon globale, le changement climatique est responsable de 41 jours supplémentaires de chaleurs dangereuses, selon les scientifiques. Une température qui représente un véritable carburant pour les événements extrêmes comme les vagues de chaleur, les sécheresses, les incendies, les orages et les pluies intenses provoquant d’importantes inondations.

Carte des événements extrêmes dans le monde étudiés par le WWA en 2024 – World Weather Attribution

En effet, selon les scientifiques, le changement climatique réchauffe la température à la surface des océans, ce qui augmente la concentration en vapeur d’eau dans l’atmosphère au-dessus. Avec la formule de Clausius-Clapeyron, on estime que pour 1,3°C de plus, l’atmosphère peut se gorger de 9% d’humidité supplémentaire, permettant aux dépressions et aux tempêtes tropicales de puiser plus d’énergie, de devenir plus violentes avec des vents plus puissants.

Parmi les événements extrêmes impactés par la crise actuelle, le WWA cite les inondations au Soudan, au Nigeria, au Cameroun et au Tchad qui ont provoqué la mort de 2000 personnes et qui pourraient se reproduire chaque année d’ici à 2040 ou 2050 dans un monde à +2°C. 

À mesure que la planète se réchauffe, les effets du changement climatique l’emportent de plus en plus sur les autres facteurs naturels

Rapport du WWA

Concernant le cyclone Hélène, qui a tué 230 personnes à travers les six États américains qu’il a frappés, devenant ainsi l’un des plus meurtriers de ces 50 dernières années, les précipitations qui l’ont accompagné ont été aggravées d’environ 10% par le changement climatique. D’après le WWA, les ouragans comme Hélène sont environ 2,5 fois plus probables dans la région en raison de la crise actuelle qui entraine une vitesse des vents 11% plus intense.

En Amazonie, c’est la sécheresse record connue en 2024 qui a été rendue 30 fois plus probable par la hausse des températures due aux énergies fossiles. Même situation plus au sud, dans la zone humide brésilienne du Pantanal, où les pires incendies de son histoire ont été rendus 40% plus intenses. 

Des événements extrêmes intensifiés par le développement d’un puissant El Niño à travers le monde, mais, la plupart des analyses du WWA ont montré que le changement climatique avait un impact plus fort que « l’enfant terrible » du climat, pourtant réputé pour son impact dévastateur dans certaines régions du monde. « Cette constatation s’inscrit dans une tendance plus générale : à mesure que la planète se réchauffe, les effets du changement climatique l’emportent de plus en plus sur les autres facteurs naturels qui influencent les conditions météorologiques », pointe le rapport du WWA.

4 bonnes résolutions pour 2025

Pour contrer ces effets dévastateurs, le World Weather Attribution donne quatre bonnes résolutions pour 2025 pour tenter de limiter les impacts du changement climatique. « Nous savons exactement ce qu’il faut faire pour éviter que la situation s’aggrave : arrêter de brûler des combustibles fossiles », met en avant Friederike Otto.

Parmi les autres pistes : l’amélioration des systèmes d’alerte précoce, la notification en temps réel des décès dus à la chaleur et un financement international pour aider les pays en développement à devenir plus résilients. Des résolutions d’autant plus importantes que les événements climatiques extrêmes de 2024 se sont déroulés dans un monde environ 1,14°C plus chaud par rapport à l’ère préindustrielle… Tandis que la trajectoire actuelle de baisse des émissions de gaz à effet de serre mène tout droit le monde vers un réchauffement +2°C en 2050 et +3°C en 2100.


Annick BERGER

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