Après des jours de flou autour d’une possible intervention, les Etats-Unis ont attaqué dans la nuit de samedi 21 à dimanche 22 juin trois des principaux sites nucléaires iraniens, Donald Trump affirmant que les capacités d’enrichissement du pays étaient désormais « complètement détruites ».

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« Notre objectif était de détruire les capacités d’enrichissement nucléaire de l’Iran et de mettre un terme à la menace nucléaire posée par le principal Etat soutenant le terrorisme au monde. Ce soir, je peux annoncer au monde que ces frappes ont été un succès militaire spectaculaire », a affirmé le président américain, lors d’une allocution à la Maison Blanche.

Les frappes viennent appuyer l’opération « Rising Lion » (« lion qui se lève ») lancée par Israël, le 13 juin. Cette attaque d’une ampleur sans précédent de l’Etat hébreu sur l’Iran a l’ambition affichée d’empêcher le pays de se doter de l’arme nucléaire, objectif que la République islamique a toujours nié poursuivre.

Donald Trump a également mis en garde, sur Truth Social, l’Iran contre toutes « représailles » envers les Etats-Unis qui répondront « avec une force bien plus grande que ce qui a été observé ».

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Selon le président américain, des avions ont frappé trois sites nucléaires iraniens : Ispahan, Natanz et Fordo, sur lequel a été larguée une « charge complète de bombes ». Construite en violation des résolutions de l’ONU, l’installation souterraine de Fordo a été présentée par Téhéran comme une usine d’enrichissement d’uranium à taux élevé pouvant accueillir quelque 3 000 centrifugeuses. Israël n’était pas en mesure de frapper à une telle profondeur.

L’usine de Natanz, elle, est sans doute la plus connue. Son existence a été révélée en 2002. Elle compte deux bâtiments, l’un souterrain, l’autre en surface, pour un total de près de 70 cascades de centrifugeuses – soit plus de 10 000 de ces machines utilisées pour enrichir l’uranium.

L’installation d’Ispahan est, pour sa part, une usine de conversion. Elle permet de produire des gaz nécessaires à l’enrichissement d’uranium.

Pas de détails sur les armes utilisées

Donald Trump n’a pas donné de détails sur les armes utilisées pour frapper le programme iranien. Mais compte tenu de la configuration souterraine de Fordo, des bombes anti-bunker de type GBU-57 ont probablement été larguées. Ces ogives de 13 tonnes peuvent s’enfoncer jusqu’à 60 mètres de profondeur avant d’exploser, selon l’armée américaine.

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Elles se distinguent de la plupart des missiles ou autres bombes, qui détonent à l’impact. Le test de ces armes a débuté en 2004 et Boeing a remporté, en 2009, un contrat pour les monter sur des avions.

Les seuls appareils en mesure de transporter des GBU-57 (deux par avion) sont les bombardiers américains furtifs B-2 Spirit. Avant l’attaque de dimanche, des sites de suivi de vols et The New York Times avaient rapporté que plusieurs de ces aéronefs étaient partis des Etats-Unis, vers l’ouest.

Les B-2 Spirit peuvent voler sur 9 600 kilomètres sans ravitaillement et sont faits pour « pénétrer les défenses de l’ennemi les plus sophistiquées et menacer ses cibles les plus importantes et les plus solidement défendues », d’après l’armée américaine. Le modèle B-2 a été montré au public, pour la première fois, en 1988, avant de voler l’année suivante et d’être livré à l’armée en 1993.

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Menace de nouvelles frappes

« Rappelez-vous qu’il reste de nombreuses cibles, celle de ce soir était de loin la plus difficile de toutes (…). Mais si la paix n’est pas rapidement atteinte, nous viserons ces autres cibles avec précision, rapidité et compétence », a averti M. Trump, samedi. Le président américain avait d’abord opté pour la voie diplomatique, avec plusieurs cycles de négociations entre Washington et Téhéran, pour tenter de parvenir à un nouveau pacte sur le programme nucléaire iranien.

Mais, ces derniers jours, il avait soufflé le chaud et le froid, soupesant une potentielle intervention de son pays dans la guerre qui oppose l’Iran à Israël, tout en avançant la possibilité d’en revenir aux négociations.

« Aujourd’hui, à l’aube, les sites nucléaires du pays à Fordo, Natanz et Ispahan ont été attaqués par les ennemis de l’Iran islamique dans un acte barbare qui viole le droit international », a confirmé, dimanche à l’aube, l’Organisation de l’énergie atomique iranienne, dans un communiqué publié par les médias d’Etat. « Malgré les complots maléfiques de ses ennemis », l’Iran « ne laissera pas le chemin de développement de cette industrie nationale (…) être arrêté », a-t-elle ajouté.

L’autorité iranienne de sécurité nucléaire a affirmé n’avoir détecté « aucun signe de contamination » sur les sites nucléaires visés par les bombardements américains, assurant qu’il n’y avait « donc aucun danger pour les personnes habitant autour » de Fordo, Natanz et Ispahan.

Aucun effet radioactif n’a été détecté non plus en Arabie saoudite ni dans les autres Etats du Golfe, a fait savoir la Commission de régulation nucléaire et radiologique saoudienne.

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Israël a, de son côté, remercié le président américain d’aider à « la paix par la force », son premier ministre, Benyamin Nétanyahou, dans un message vidéo en anglais adressé à Donald Trump, voyant le Moyen-Orient à un « tournant historique ». « Votre décision audacieuse de viser les installations nucléaires de l’Iran avec la puissance impressionnante et juste des Etats-Unis changera l’histoire », a ajouté le chef du gouvernement israélien.

M. Nétanyahou a lancé, le 13 juin, son pays dans une guerre contre la République islamique destinée à faire disparaître, selon ses mots, la double « menace existentielle » que représentent pour Israël le programme nucléaire iranien et les missiles balistiques de l’Iran. Dans cette offensive, « Israël a accompli des choses vraiment extraordinaires », a-t-il assuré, « mais dans l’action de ce soir contre les installations nucléaires de l’Iran, l’Amérique s’est montrée véritablement sans égale » a fait « ce qu’aucun autre pays au monde ne pourrait faire ».

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Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est, lui, inquiété d’une « dangereuse escalade » représentant une « menace directe à la paix et à la sécurité dans le monde ».

Le Monde avec AFP

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