Le service statistique du ministère du Travail (Dares) s’est intéressé aux effets néfastes du télétravail à partir des études parues sur le sujet.
Plusieurs risques psychosociaux émergents sont mis en avant du côté des salariés.
Sentiment d’isolement, communication plus délicate ou « hyperconnectivité » font partie des risques qui peuvent être rencontrés.

Depuis la pandémie de Covid-19, le télétravail s’est imposé comme une nouvelle norme (nouvelle fenêtre) pour de nombreux salariés, concernant 26% d’entre eux en 2023. Bien que cette pratique offre des avantages indéniables tels que l’autonomie, la réduction des trajets domicile-travail et une meilleure conciliation entre vie personnelle et professionnelle, elle n’est pas sans risques. Une étude de la Dares (nouvelle fenêtre) met en lumière les risques psychosociaux émergents associés au télétravail, en identifiant trois grandes catégories : la distanciation des relations sociales, l’intensification du travail et la difficile articulation des temps de vie.

Des frontières plus floues entre vie pro et vie perso

Plusieurs points sont mis en avant : en premier lieu, le risque d’observer une diminution des interactions sociales, en éloignant physiquement les salariés de leurs collègues et de leur hiérarchie. Cette distanciation, apprend-on, peut fragiliser le collectif de travail et isoler les individus, rendant la communication et la coordination plus complexes au sein des entreprises. Les échanges en visioconférence, bien que pratiques, manquent par ailleurs de la fluidité qui est celles des interactions en société, ce qui peut entraîner des malentendus et des tensions.

L’intensité du travail est une autre dimension des risques psychosociaux évoquée par la Dares. Si le télétravail apporte concentration et autonomie, il peut aussi conduire à une augmentation de l’amplitude des horaires de travail. Les salariés peuvent ainsi se sentir obligés de travailler davantage pour prouver leur engagement, ce qui est susceptible d’entraîner une surcharge mentale et un épuisement professionnel. L’hyperconnectivité – avec la réception continue de notifications et de messages – complique la déconnexion nécessaire au repos mental et physique.

De ces travaux, un dernier risque associé au télétravail est mis en avant : le fait qu’il tende à brouiller les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle. La flexibilité des horaires, jugée bénéfique par une partie des salariés, peut aussi conduire à un débordement du travail sur les temps de repos. Les femmes, en particulier, sont souvent confrontées à une charge mentale accrue, jonglant entre responsabilités professionnelles et tâches domestiques. Dans les foyers, cette situation peut entraîner des conflits familiaux ainsi qu’un stress accru.

Rappelons que selon l’Insee, plus d’un salarié du secteur privé sur cinq (22%) fait du télétravail au moins une fois par mois. D’importantes disparités sont néanmoins observées. Quand près de deux tiers des cadres et des salariés des professions intellectuelles supérieures ont recours au télétravail (63%), en moyenne 1,9 jour par semaine, les chiffres sont bien moindres du côté des professions intermédiaires (22%, 1,6 jour) ou des employés (10%, 1,9 jour). Les ouvriers, assez logiquement, se trouvent exclus de ces dispositifs.

TD

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