Vous avez été nombreux à nous poser cette question.

Depuis l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 par le Hamas en Israël et l’enlèvement de 250 personnes, amenées par les groupes armés palestiniens dans la bande de Gaza, les autorités israéliennes, en invoquant des questions de « sécurité », ont multiplié les arrestations de Palestiniens à Gaza, en Cisjordanie – territoire occupé par Israël – et dans la partie orientale de Jérusalem. Cette politique s’est poursuivie ces derniers jours, à la suite de la libération de 90 prisonniers en échange de celle de trois otages israéliennes.

Une partie des Palestiniens sont incarcérés en Israël sous le régime de la détention administrative, qui permet à la justice militaire de maintenir ces personnes en détention sans charge ni procès et de reconduire leur emprisonnement de manière indéfinie. Ils sont aujourd’hui plus de 3 300, sur un total de 10 000 détenus dans les prisons israéliennes. Ils n’ont jamais été aussi nombreux, selon l’organisation israélienne de défense des droits humains HaMoked.

Depuis l’attaque du 7-Octobre et la guerre meurtrière qui s’est ensuivie à Gaza, l’Etat hébreu a durci les conditions de détention des Palestiniens dans les prisons gérées par les autorités israéliennes en Israël ou en Cisjordanie occupée ; des ONG israéliennes et l’ONU ont fait état des mauvais traitements, de cas de torture, et de décès en détention (une cinquantaine selon la presse israélienne).

Néanmoins, le statut des uns et des autres diffère.

Les Israéliens et les étrangers enlevés le 7 octobre par le Hamas sont des otages, au sens littéral du terme, une personne dont la vie et la libération dépendent de l’obtention d’une contrepartie par ceux qui les détiennent. Leur sort et leurs conditions de détention sont restés inconnus depuis quinze mois.

En dépit des difficultés des familles, des avocats et des ONG de défense des droits humains à obtenir des informations sur les prisonniers palestiniens, ces derniers sont, dans leur majorité, incarcérés dans des lieux de détention connus. Par ailleurs, dans les clauses prévues par l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, un certain nombre de Palestiniens échangés contre les otages sont des détenus administratifs, mais nombre d’entre eux sont aussi des prisonniers qui ont été jugés et condamnés, pour certains à de très longues peines.

Stéphanie Le Bars (Cheffe du service International du « Monde »)

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