Des images d’une manifestation réprimée violemment sont relayées sur les réseaux sociaux.
La scène se déroulerait en Israël, avec des juifs ultra-orthodoxes frappés à coups de matraque.
Cette séquence, authentique et sans lien avec le conflit à Gaza, s’est déroulée non loin de Jérusalem, dans une ville où les tensions religieuses sont fréquentes.

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L’info passée au crible des Vérificateurs

« Quel est le seul pays au monde à envoyer sa police frapper des juifs ? Israël ! » Ce message (nouvelle fenêtre), posté sur le réseau social X, s’accompagne d’une vidéo d’une dizaine de secondes, sur laquelle des policiers répriment avec violence ce qui ressemble à une manifestation. Des hommes, dont l’apparence physique et la tenue vestimentaire font penser à des juifs ultra-orthodoxes, sont frappés au sol et roués de coups, les forces de l’ordre s’en prenant à eux avec des matraques. Aucune localisation n’est fournie et nous ne disposons pas d’éléments de contexte. Des recherches permettent toutefois d’authentifier la scène, qui se révèle récente et sans aucun lien avec l’actualité du conflit à Gaza.

Sur ces images, on observe des juifs ultra-orthodoxes frappés violemment par des forces de police et recevoir des coups de matraque. – Capture écran X

Une manifestation sévèrement réprimée

Partagée par un internaute très critique envers la politique israélienne et ses dirigeants, cette vidéo est authentique. On en retrouve la trace dans les médias nationaux, qui évoquent (nouvelle fenêtre) des altercations qui se sont déroulées le 23 octobre. Ces violences ont eu lieu à Bet Shemesh, une ville de 130.000 habitants située à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Jérusalem.

Les hommes qui assènent les coups sont bien des policiers israéliens. Ils sont intervenus afin de dissiper une manifestation déclenchée par un groupe de juifs ultra-orthodoxes. Des individus qui font partie d’une communauté que l’on nomme généralement les « haredim » au sein de l’État hébreu. Les protestataires s’étaient rassemblés devant un bâtiment où se tenait, à l’initiative d’une association locale, un salon d’orientation professionnelle dédié spécifiquement à ces populations très pieuses et traditionalistes. Un événement qui vise à les accompagner dans la recherche d’un travail ou d’une formation.

Si la population haredi représente à peine plus de 13% de celle de l’État d’Israël, elle est aujourd’hui majoritaire à Bet Shemesh. Pour comprendre l’opposition des manifestants à l’événement qui était organisé dans la ville, il faut avoir à l’esprit que seuls 35% des hommes haredim (nouvelle fenêtre) occupent aujourd’hui un emploi à plein temps. Ceux qui demeurent par choix éloignés du marché du travail consacrent leur temps et leur énergie à l’étude des textes religieux. Ils sont aidés en cela par les autorités (nouvelle fenêtre), qui ont mis en place à la fin des années 1970 une forme de « rente » mensuelle. Une somme censée garantir leur autonomie financière. 

L’action de la police très critiquée

Refusant de se disperser malgré les demandes des policiers, les manifestants ont fini par être délogés par la force. La vidéo relayée en ligne montre le moment de l’intervention : les hommes en uniforme chargent les religieux et n’hésitent pas à user de leurs matraques pour leur faire quitter les lieux. On note que des coups sont assénés sur des hommes à terre.

Ces images violentes ont suscité de nombreuses réactions indignées au sein de la classe politique. Les partis les plus conservateurs sont notamment montés au créneau, dénonçant l’agressivité des forces de l’ordre. En réaction, un commissaire a certifié qu’il prenait « très au sérieux l’incident survenu à Bet Shemesh ». Des agissements « qui vont à l’encontre des valeurs de la police », selon ses mots, et qui l’ont conduit à « demander l’ouverture d’une enquête immédiate sur les circonstances de ces incidents, y compris en ce qui concerne la conduite du commandement et des policiers impliqués ». Si les investigations font apparaître que les agents « n’ont pas agi conformément à la loi, ils seront sévèrement punis », a-t-il ajouté.

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Thomas DESZPOT

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