Un soldat libanais observe des hommes fouillant les décombres d’un immeuble résidentiel touché par une frappe israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth, le 23 novembre 2025.

Israël a tué, dimanche 23 novembre, le chef militaire du Hezbollah lors d’une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth. Celle-ci a visé un immeuble d’un quartier densément peuplé, faisant cinq morts et 28 blessés, selon le ministère de la santé libanais. Il s’agit du plus haut responsable du Hezbollah à être tué depuis la fin, il y a près d’un an, de la guerre meurtrière qui a opposé le mouvement pro-iranien à Israël.

L’armée israélienne a affirmé avoir tué Haytham Ali Tabatabaï dans une cinquième frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Un peu plus tard, en soirée, le mouvement islamiste a confirmé que « le grand dirigeant » avait été tué « à la suite d’une agression israélienne ». Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a assuré qu’Israël « ne permettra pas au Hezbollah de reconstruire son pouvoir » et a appelé le gouvernement libanais à « respecter son engagement à désarmer le Hezbollah » à la suite de cette attaque, qui intervient une semaine avant la visite du pape Léon XIV au Liban.

Tabatabaï, présenté par l’armée israélienne comme « le plus important commandant du Hezbollah », avait été promu chef militaire du Hezbollah après la mort des principaux responsables militaires du mouvement durant la guerre avec Israël. Dans le quartier visé, la frappe a touché les troisième et quatrième étages d’un immeuble de neuf étages, et laissé plusieurs voitures calcinées à son pied, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).

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Ce dernier a vu les secouristes évacuer un corps enveloppé dans un sac blanc et au moins six blessés, dont trois femmes, de l’immeuble au rez-de-chaussée duquel s’alignent une pâtisserie, un magasin de jouets et une boutique d’électroménagers. « Je rendais visite à ma mère et j’étais sur le balcon », a raconté à l’AFP un homme qui se trouvait dans un immeuble faisant face au bâtiment touché. « Il y a eu comme un éclair, puis j’ai percuté la balustrade et tout le verre s’est brisé », a ajouté ce quadragénaire en état de choc, qui n’a pas voulu dire son nom.

Benyamin Nétanyahou, qui avait juré de « faire tout le nécessaire » pour empêcher un renforcement du mouvement pro-iranien, « a ordonné l’attaque sur recommandation du ministre de la défense et du chef d’état-major », selon ses services. Le président libanais Joseph Aoun a, lui, appelé la communauté internationale à « intervenir sérieusement et avec force pour mettre fin aux attaques contre le Liban » menées par Israël, soulignant que le Liban respectait de son côté le cessez-le-feu.

Pression sur le gouvernement libanais

Israël a récemment intensifié ses frappes dans les bastions du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, où il affirme viser le mouvement chiite qu’il accuse de violer le cessez-le-feu en se réarmant et en réactivant ses infrastructures. Le Hezbollah avait lancé les hostilités en ouvrant un front contre Israël au début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du Hamas sur le sol israélien du 7 octobre 2023. Un cessez-le-feu est en vigueur dans le territoire palestinien depuis le 10 octobre.

« Nous continuerons à agir avec force pour prévenir toute menace contre les habitants du nord et l’Etat d’Israël. Quiconque lèvera la main contre Israël verra sa main coupée », a martelé le ministre de la défense israélien, Israel Katz.

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Le nom de Tabatabaï, né en 1968 selon le communiqué du Hezbollah, était inconnu du grand public au Liban. Il était, avant de prendre ses fonctions, « responsable du dossier du Yémen » au sein du Hezbollah, qui soutient les rebelles houthistes, selon une source proche de la formation pro-iranienne. Il avait également occupé des fonctions en Syrie où la formation soutenait militairement le pouvoir de Bachar Al-Assad, selon les Etats-Unis qui l’avaient placé sur leur liste des personnes liées au terrorisme.

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Le Hezbollah est sorti fortement affaibli du conflit avec Israël, qui a culminé en deux mois de guerre ouverte avant la trêve, et assure depuis respecter le cessez-le-feu. Pour leur part, les autorités libanaises accusent régulièrement Israël de violer l’accord de cessez-le-feu conclu sous médiation américaine, en poursuivant ses frappes et en continuant d’occuper cinq points stratégiques du sud du territoire libanais. Les Etats-Unis font dans le même temps pression sur le gouvernement libanais pour qu’il oblige le Hezbollah à rendre ses armes, ce que le groupe a jusqu’à présent refusé de faire.

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Le Hezbollah, affaibli mais toujours influent

La situation reste donc extrêmement tendue à la frontière entre Israël et le Liban, où chaque incident risque de faire basculer la région dans une nouvelle escalade. Les appels à la retenue se multiplient, mais la mort de Tabatabaï pourrait bien renforcer la détermination des deux camps à poursuivre leur confrontation.

Dans ce contexte, la visite prochaine du pape Léon XIV au Liban prend une dimension particulière, alors que la communauté internationale tente de relancer le dialogue entre les parties. Les habitants de Beyrouth, eux, redoutent une reprise des violences et s’inquiètent pour leur sécurité.

Le Hezbollah, affaibli mais toujours influent, doit désormais faire face à une pression croissante, tant sur le plan militaire que diplomatique. Les prochains jours seront décisifs pour l’avenir de la région, alors que les regards restent tournés vers la frontière sud du Liban et les évolutions du conflit.

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Le Monde avec AFP

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