- 8 millions de Français vivent dans un désert médical, forçant certaines communes à faire preuve d’imagination.
- Dans les Ardennes, plusieurs d’entre elles se sont regroupées pour ouvrir un centre de santé où officient des généralistes, un pédiatre, un cardiologue et bientôt une sage-femme.
- L’établissement a pu attirer ces médecins en leur proposant des contrats avantageux.
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Le 20H
Amandine a le sourire. Sa fille, qui a mal aux oreilles depuis le début de la journée, a pu rapidement voir un pédiatre à Fumay (Ardennes). « Dans la pointe des Ardennes,
il n’y a pas beaucoup de médecins
(nouvelle fenêtre), surtout pour les enfants. Là, j’ai appelé ce matin, cet après-midi j’ai un rendez-vous, c’est super »
, explique la mère de famille. Juste à côté, c’est Michaëla qui obtient un rendez-vous de cardiologie en moins de quinze jours. « Même le médecin traitant, on l’a aussitôt, deux, trois jours après »
, dit-elle face à notre caméra, dans le reportage du 20H de TF1 visible en tête de cet article.
Cette efficacité est permise par le centre intercommunal de santé. Ouvert à Fumay il y a dix mois, il accueille déjà 11 médecins salariés. C’est le docteur Villenet qui les a convaincus, en proposant des contrats qui leur permettent de se relayer avec des horaires fixes. « Ce qu’ils veulent avant tout, c’est un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Nous, le contrat c’est 35 heures par semaine. Un libéral va faire souvent beaucoup plus d’heures »
, détaille le Dr Nicolas Villenet, coordinateur médical au centre intercommunal de santé Ardennes Rives de Meuse.
Il a fallu convaincre les élus des 26 communes du nord des Ardennes
Le docteur Pierre Léonard, lui, exerce à temps partiel, deux jours par semaine. « La médecine doit passer par ce genre de centre où il y a une gestion médicale et on se parle et on s’entraide »
, estime-t-il.
Car il y a ici un coordinateur, une infirmière et une secrétaire médicale. Les médecins sont donc déchargés de toutes les tâches administratives ou de gestion des équipements. Avec succès auprès des patients. « Avant, ma visite mensuelle, je la faisais à Charleville : 40 kilomètres pour aller se soigner. C’est intéressant quand même d’avoir ça maintenant à Fumay »
, apprécie un senior. « Une grande partie de la population n’a pas de médecin traitant. Ils sont 17%. Et donc, 600 patients qui nous désignent comme médecin traitant, c’est une marque de confiance »
, poursuit le Dr Nicolas Villenet.
Évidemment, il a fallu convaincre les élus des 26 communes du nord des Ardennes. Car le budget du centre médical est d’un million d’euros par an. Sans compter les investissements pour proposer d’autres avantages aux médecins, comme des appartements. « Ça fait à peu près 100.000 euros sur les deux logements. C’est normal, on répond aux besoins de notre population »
, développe Mathieu Sonnet, maire de Fumay.
Cette demande des 26.000 habitants du nord des Ardennes est déjà très forte. Le centre médical devrait donc déménager dans des locaux plus grands, ici deux à trois ans, dans l’ancien hôpital de Fumay.