Quatre soldats du 8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine de Castres ont déposé plainte contre leurs supérieurs.
Ils les accusent de violences et de harcèlement.
Le ministère des Armées dit prendre cette affaire très au sérieux.
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Le 20H
C’est un moment qui a bouleversé Clovis Tritto, un ancien militaire du 8e RPIMa de Castres (Tarn). Dans un enregistrement qui date de 2023 au sein du régiment d’élite de parachutistes, Clovis indique que la voix que l’on entend dans le reportage ci-dessus est celle de son sergent-chef. Ses propos sont extrêmement violents. « On va te briser. Je vais t’éclater. Tu te sentiras comme une merde. Tu es mauvais. T’as pas de morale. T’as pas d’honneur et tu chies sur tes potes », lance-t-il.
Souvent, c’est des coups de poing dans le ventre, mais le plus souvent, je dirais que c’est les claques tapées.
Souvent, c’est des coups de poing dans le ventre, mais le plus souvent, je dirais que c’est les claques tapées.
Clovis Tritto, ancien militaire du 8e RPIMa
Clovis explique ce qui s’est passé ensuite. « À un moment donné, il a arrêté de parler, il m’a saisi, il a commencé à m’attaquer à ce moment-là », se souvient-il. Le soldat a choisi de rompre le silence et dénonce la violence de certains supérieurs. « Souvent, c’est des coups de poing dans le ventre, mais le plus souvent, je dirais que c’est les claques tapées. Et là, le cadre, il prend de l’élan et forcément, il y a une énorme claque sur la nuque. J’en ai pris durant toute ma formation par mon chef de groupe que j’avais appelé caporal au lieu de sergent. Il m’a mis vraiment une énorme claque. J’ai eu des migraines peut-être pendant 3-4 jours », indique-t-il. Selon lui, les photos ci-dessous en montrent les traces.

Il m’a envoyé déblayer le canal. Je ne sais pas si c’étaient des excréments humains, mais ça puait la mort.
Il m’a envoyé déblayer le canal. Je ne sais pas si c’étaient des excréments humains, mais ça puait la mort.
Lucas, ancien militaire du 8e RPIMa
Trois autres anciens militaires de la même section ont aussi porté plainte. Lucas raconte ainsi des humiliations à répétition et le harcèlement. « J’ai déjà été menacé de mort parce que le chef payait son coup. Moi, j’ai dit que je ne buvais pas d’alcool et en fait, il a commencé à s’énerver. Du coup, il m’a envoyé déblayer le canal. Alors, je ne sais pas si c’étaient des excréments humains, mais ça puait la mort. Je sais qu’il y en a qui auraient pu se suicider. C’est un peu idéaliste et naïf, mais je ne veux plus que ça arrive dans l’armée », insiste-t-il.
Que s’est-il passé au sein de la section ? Les instructeurs, eux, distinguent l’aguerrissement de la brutalité. « L’aguerrissement, c’est vraiment pousser les gens dans les limites les plus profondes, mais sans jamais mettre de coup. C’est-à-dire que le chef sera devant, les copains seront à côté et tout le monde sera dans la même galère. Mais on s’apercevra qu’au bout d’un moment, ça va passer », souligne Frédéric Lesage, ancien instructeur au 8e RPIMa.
L’armée de terre, de son côté, condamne toute forme de violence. « Les faits qui ont été portés à notre connaissance sont absolument condamnables. Ils n’ont rien à faire dans l’armée de terre, dans une relation de commandement saine », assure le général Frédéric Danigo, commandant de la 11ᵉ brigade parachutiste. Sans attendre d’éventuelles suites judiciaires, l’armée a ouvert une enquête. Une équipe d’inspection sera lundi au régiment.