• Les mortiers de feux d’artifice, très réglementés pour un usage festif, sont parfois détournés contre la police ou d’autres cibles.
  • Dans certains quartiers, ils sont devenus très courants au point d’angoisser les habitants.
  • C’est le cas notamment à Marseille dans les Bouches-du-Rhône, comme le révèle une enquête du 20H de TF1.

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Le 20H

Soir de match à Marseille. Il est 23h quand un jeune homme sort en pleine rue un mortier d’artifice, menaçant dangereusement les habitations. Ces scènes sont devenues quasiment quotidiennes à Marseille. Il y a quelques semaines, un tir a complètement détruit l’appartement d’une femme de 92 ans. Le projectile a traversé le balcon. « Tout a explosé dans son petit salon de jardin où elle déjeunait le matin. Et les dégâts, ils sont tous apparents, tout s’est vidé. Il y a de la poudre partout », rapporte un témoin. D’après l’enquête, il s’agirait d’un tir d’intimidation qui aurait raté sa cible. « Ce n’est pas un fusil à lunettes, donc vous allez automatiquement vers une direction, mais précisément, vous n’êtes pas sûr de toucher la cible que vous voulez », explique Anne-Marie d’Estienne d’Orves, maire (DVD) des  9ᵉ et 10ᵉ arrondissements de Marseille. 

Des mortiers à l’arrêt de bus et jusque dans nos jardins.

Une habitante de Marseille (Bouches-du-Rhône)

Ces nombreux feux d’artifice sont une menace pour les habitants de nombreux quartiers à Marseille. Régulièrement, des mortiers vides sont retrouvés dans la résidence. « Des mortiers, à l’arrêt de bus et ça vient jusque dans nos jardins », s’indigne une habitante. « Moi, ça me stresse, ça m’angoisse, renchérit une riveraine. J’ai des palpitations, je ne dors pas, je mets des boules de quiès. » Quelques kilomètres plus loin, le centre pénitentiaire des Beaumettes. Ici, les tirs sont très fréquents. Notre équipe du 20H de TF1 a rencontré l’un de ces jeunes qui tire malgré l’interdiction. « J’y viens pour montrer aux détenus qu’on est toujours là pour eux », déclare-t-il dans la vidéo en tête de cet article. « On tire des feux d’artifice pour fêter un anniversaire ou une naissance, poursuit-il, ou encore pour quelqu’un qui a été condamné à 10 ans, 15 ans »

Or, dans certains quartiers de Marseille, les feux d’artifice sont utilisés par des dealers. Une pratique de plus en plus observée par la police. « Dans les cités du Nord, quand un gros chiffre d’affaires a été atteint, ils tirent un feu d’artifice pour célébrer la grosse quantité d’argent qu’ils ont réussi à avoir en dealant de la drogue », indique un policier. Ces mortiers d’artifice sont désormais aussi utilisés comme armes contre les forces de l’ordre. Sur une vidéo tournée à Marseille, un  policier, spécialisé en police de nuit, montre comment il a été visé à plusieurs reprises. « Maintenant, ils n’hésitent pas à tirer tendu avec des mortiers sur les forces de l’ordre. Un mortier m’est passé à 20 cm, ce qui peut engendrer de graves blessures », confie le major Ludovic, coordinateur de nuit police sud Marseille. 

Des engins pyrotechniques extrêmement dangereux, réservés aux professionnels et aux règles de vente très strictes. Pourtant, il a suffi à notre équipe de reportage d’une simple recherche sur Snapchat et Telegram pour en trouver à des prix très attractifs. L’achat de mortiers sur les réseaux sociaux ou des sites non agréés est totalement illégal. L’acheteur risque jusqu’à 15.000 euros d’amende. « Il y a des mortiers d’artifice qui arrivent de l’étranger, avec des puissances parfois amplifiées. Mais on s’adapte avec ces nouveaux modes d’alimentation, ces nouveaux réseaux. On arrive à remonter des filières d’approvisionnement », souligne le commissaire Anthony, adjoint en chef de la division sud de Marseille. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, a annoncé vouloir sanctionner plus lourdement la vente et la détention de mortiers d’artifice. En deux ans, leur usage détourné en arme a plus que doublé.

La rédaction de TF1 | Reportage Lucie GLASSON, Solène ROBEN

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