A son arrivée à Paris, en 2017, Jacqueline Prado se rendait tous les week-ends à l’Eglise américaine ou au Sacré-Cœur, avec d’autres membres de la communauté philippine, pour prier.​ Elle retourne au pied de la basilique, le samedi 28 juin 2025.

« Comme tous les jours ce matin-là, à notre réveil, mon fils de 1 an et moi sommes allés chez mes parents, qui habitaient une maison mitoyenne de la nôtre, à Cavite, aux Philippines. C’était le 25 février 2016. Mon mari et mon fils aîné de 12 ans étaient déjà partis au travail et à l’école. Tout à coup, mon père a vu de la fumée s’infiltrer par la porte qui menait de leur maison à la nôtre. Quand il a ouvert, c’était trop tard. L’incendie s’était propagé.

Notre maison était en bois, contrairement à celle de mes parents, et elle a entièrement brûlé. En cendres. Disparue. Il ne restait rien : pas un vêtement, pas un meuble, ni l’argent liquide que je cachais pour faire des économies. Un voisin avait mis le feu accidentellement, en cuisinant. J’ai fondu en larmes. Puis je me suis dit que Dieu avait peut-être un dessein pour moi.

J’ai appelé mon frère, c’est mon meilleur ami. Nous sommes une fratrie de huit dont je suis l’aînée, et Jim est le numéro trois. A ce moment-là, il était déjà parti vivre en France pour gagner sa vie. Là-bas, il travaillait comme homme de ménage pour une femme âgée ; il avait épousé une Philippine, il était devenu père. Il m’a dit qu’il était peut-être temps pour moi de le rejoindre en France. “Nous t’aiderons, m’a-t-il dit. Nous emprunterons de l’argent pour le voyage.” J’y ai réfléchi. J’avais déjà quitté mon pays une fois. A 22 ans, j’étais partie à Taïwan pour aider financièrement mes parents. Je travaillais dans une usine d’ordinateurs pour Quanta Computer, c’était éreintant.

Il vous reste 74.72% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version