« J’ai grandi à Lauricisque, un quartier de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, dans un bâtiment de quatre étages. Un HLM. De ma chambre, ma vue, c’était d’autres HLM. Ma mère, elle vendait des Tupperware. Je me souviens qu’elle sonnait chez tous les voisins pour les leur vendre. Je l’accompagnais parce que personne d’autre ne pouvait s’occuper de moi. Mon père, lui, était marié à quelqu’un d’autre. Je suis le deuxième enfant qu’ils ont eu ensemble, et j’ai même une demi-sœur qui est née quatre semaines avant moi. Ma mère, elle n’a jamais eu d’autre homme dans sa vie. Je crois qu’elle n’a jamais cessé de l’aimer.

Avec moi, elle n’était pas aimante. Elle ne me faisait pas de câlins. Me mettre des tartes, oui. Mais je n’avais pas le droit de pleurer. Sa mère à elle était témoin de Jéhovah, alors elle ne fêtait pas Noël. Et, par tradition, nous non plus, on ne le fêtait pas. Mais de temps en temps, quand ma mère est devenue infirmière et qu’elle rentrait du travail, elle me rapportait un millefeuille. Je crois que c’est pour ça que c’est ma pâtisserie préférée.

Avec les copains, on allait voir des combats de pitbulls. On pariait de l’argent. Et le lendemain, on voyait souvent le chien perdant flotter dans le bras de mer à côté de chez moi… Merde, je ne me souviens plus de son nom… Ah oui : la rivière Salée, une espèce de fleuve qui coupe l’île en deux. Avec les copains, on traînait en bas des immeubles aussi. Un jour, une fille passe devant le groupe, un gars la siffle. Elle ne se retourne pas, le gars casse sa bouteille de bière et la lui plante dans le dos. Elle s’est mise à courir. Moi aussi, mais pas après elle. Je fuyais.

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