Alors qu’Israël a repris de sa seule initiative une guerre totale à Gaza, la réunion de caciques palestiniens à Ramallah, jusqu’au jeudi 24 avril, pour envisager la création d’un poste de vice-président de l’Autorité palestinienne le souligne tragiquement. Jamais par le passé autant de Palestiniens sont morts sous des bombardements israéliens, jamais autant de quartiers entiers n’ont été ainsi rasés. Mais jamais, depuis un demi-siècle, la cause palestinienne n’est également apparue autant en déshérence, privée de perspectives et de figures capables de l’incarner. Cette béance n’est pas nouvelle. Elle est le fruit d’une lente érosion qui a commencé avec la seconde Intifada, en 2000. Les massacres perpétrés par le Hamas, le 7 octobre 2023, et la guerre terrible qui s’est ensuivie ont cependant accéléré ce délitement.

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Il s’agit d’une rupture historique. A la suite de la déroute arabe de 1967, qui s’était matérialisée par la conquête par la force puis l’occupation israélienne du Sinaï égyptien, de Gaza, de la Cisjordanie et du plateau syrien du Golan, les Palestiniens en exil étaient parvenus à reprendre en main la lutte pour leur autodétermination auparavant étroitement contrôlée par les principales puissances arabes. L’arrivée de Yasser Arafat à la tête de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), en 1968, avait consacré cette « repalestinisation » de leur cause.

Pendant les décennies suivantes, l’OLP avait réussi, à l’extérieur des territoires occupés, à représenter l’ensemble des Palestiniens et à reformuler progressivement un projet national s’inscrivant dans la solution des deux Etats. En 1988, à Alger, le Conseil national palestinien avait adopté à une large majorité une déclaration symbolique d’indépendance sur la base de la résolution 242 des Nations unies adoptée après la guerre des Six-Jours. Cette évolution ouvrait la voie vers les accords d’Oslo, conclus en 1993 avec Israël et fondés sur une double reconnaissance : de l’OLP par Israël, et d’Israël par l’OLP.

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