La terre se dérobe sous nos pieds et nous marchons tels des somnambules vers l’abîme. Donald Trump reprend mot à mot la propagande russe et choisit Vladimir Poutine contre l’Ukraine et l’Europe ; Elon Musk et [le vice-président américain] J. D. Vance voient nos démocraties comme des ennemies à abattre et mettent la puissance américaine au service des extrêmes droites européennes les plus poutinistes ; les services de sécurité allemands comme danois prévoient une guerre russe sur le sol de l’Union européenne (UE) avant 2029 ; les Baltes et les Finlandais creusent des tranchées : que nous faut-il de plus pour éprouver enfin l’ébranlement commun qui seul permet les grands sursauts ?

Quelques jours auront suffi à tourner la page de quatre-vingts longues années d’histoire, sous nos yeux éberlués. L’alliance géopolitique la plus puissante du monde s’est retournée comme un gant et le parapluie américain – qui nous protégeait depuis 1945 et nous vassalisait en nous protégeant – s’est refermé. Ce que nous vivons n’est pas un mauvais moment à passer ou un simple tournant à négocier, c’est une rupture telle que nous n’en n’avons pas connu de notre vivant. Si nous ne nous réveillons pas maintenant de notre long coma stratégique, cela voudra simplement dire que nous aurons consenti à notre effondrement.

Disons-le clairement : l’appartenance à l’OTAN n’assure plus la sécurité des nations européennes. Qui peut sérieusement croire qu’un homme comme Donald Trump activera l’article 5 de l’Alliance – cet article d’assistance mutuelle sur lequel repose la paix en Europe occidentale depuis 1949 – si un pays membre est attaqué ? Qui peut réellement penser que cette administration américaine portera secours à la Lettonie, à l’Estonie ou à la Pologne lorsque les troupes russes franchiront leurs frontières ? Personne. Et surtout pas – c’est l’essentiel – Vladimir Poutine.

Jamais la menace d’une guerre à l’intérieur des frontières de l’UE et de l’OTAN n’a été aussi élevée et, c’est lié, jamais nos capacités de dissuasion n’ont été aussi faibles.

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