Le langage est-il uniquement verbal ? À cette grande question digne d’un sujet du bac de philosophie, la synergologie répond non.
Cette discipline consiste à apprendre à déchiffrer le langage corporel d’un interlocuteur.
Le langage corporel, c’est ce qu’exprime notre corps de manière consciente ou inconsciente et il s’agit de la principale forme de communication non verbale.

Lorsque l’on communique, on estime que les mots constituent 7% du message, l’attitude du corps représente 55 % du message et l’intonation, 35 %. Il arrive donc que nos gestes, nos attitudes et même nos expressions en disent beaucoup plus sur notre état que nos mots. Pour Maxime Nourichard, synergologue interrogé par Santé Magazine, « les gestes ne trahissent jamais : ils nous traduisent ! ». Nos gestes et la position de notre corps peuvent traduire un inconfort, une gêne, un désaccord, une peur… que parfois, on aimerait garder pour soi. Pour le spécialiste, « on peut regrouper ces 1 200 signes en six grandes familles distinctes« , à savoir les boucles, les gestes, les réactions, l’auto-contact, la préhension (« pousser un objet, remettre ses lunettes en place, tenir un stylo ou une tasse« ), et la stature.

Croiser les jambes, se toucher le visage, pencher la tête ?

Dans son livre Décoder la gestuelle de votre interlocuteur, Martine Tardy explique ainsi que les jambes croisées aux genoux à l’américaine traduisent ou la relaxation ou un besoin de compétition, les jambes doublement croisées sont un signe d’autoprotection et les jambes repliées sous une chaise traduisent la timidité. Les bras croisés peuvent avoir une double signification. Sur son site, Karen Donaldson, coach en communication et confiance en soi et experte du body language, explique que cela peut être un geste d’auto-apaisement. « C’est une forme d’autorégulation pour se calmer. Contrairement à ce que l’on entend souvent, les bras croisés ne sont pas toujours synonymes de connotation négative ou de fermeture« . Elle précise : « Il peut signifier que quelqu’un est sur la défensive ou en désaccord. Mais certaines personnes croisent naturellement les bras par habitude lorsqu’elles sont concentrées et attentives« .

Les mains et leur gestuelle peuvent en dire beaucoup également. Par exemple, si vous remarquez que votre interlocuteur se tire le lobe de l’oreille, soit il est en plein doute, soit il s’ennuie, pareil pour l’index sur la tempe. Si les mains disparaissent sous les jambes, elles traduisent un manque de confiance ou un besoin de se replier. La position du buste peut indiquer soit de l’intérêt (buste penché vers l’avant), un manque d’implication (buste reculé), ou une fatigue physique ou émotionnelle (buste penché et les épaules tombantes). Enfin, on dit que la tête peut aussi laisser deviner l’état émotionnel d’une personne. Inclinée à droite, elle se rapporte au rationnel ; à gauche, l’interlocuteur est plus dans l’émotionnel.

Faut-il interpréter la gestuelle des autres ?

Pour Pascal Lardellier, professeur en sciences de la communication, dans l’émission « Grand Bien Vous Fasse » sur France Inter, « les humains ne sont ni des armoires ni des huîtres, donc ce n’est pas parce qu’on a les bras fermés ou qu’on a les bras ouverts qu’on est soit ouvert, soit fermé à la relation à autrui« . Le spécialiste voit ici une forme de discrimination : « il faut se garder d’interpréter des indices stéréotypés qui nous induisent en erreur« . Il conseille : « Au lieu de faire une photo d’autrui, d’en tirer des conclusions hâtives, il faut essayer de saisir les choses dans leur dynamique relationnelle« .


Sabine BOUCHOUL pour TF1 INFO

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