- Depuis 30 ans, il fait rire les Français et continue de monter sur scène.
- À la rentrée, il poursuivra la tournée de son dernier spectacle, dans lequel il se livre sans fard sur le long travail mené sur « lui-même » au fil de ses années de métier.
- Lassé de la course vaine au succès à tout prix, il veut avant tout renouer avec la « sobriété », notamment auprès de ses proches, a-t-il expliqué à Hélène Mannarino ce dimanche 20 juillet dans « Sept à Huit ».
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Sept à huit
À 54 ans, il a décidé de présenter un nouveau visage au public. Débarrassé du superflu, l’humoriste Gad Elmaleh a décidé de s’assumer en menant un travail sur lui-même (nouvelle fenêtre), sur fond de spiritualité et de remise en question. Dans son nouveau seul-en-scène, « Lui-Même »
, avec lequel il se produira à nouveau à la rentrée, il fait le pari de la sincérité. En 30 ans de métier, c’est « la tournée qui a le plus marché de toute ma carrière, (…) j’étais perplexe »
, confie-t-il dans un entretien à « Sept à Huit », une vidéo à retrouver en tête d’article.
Mais il pense avoir finalement identifié les raisons de ce succès inattendu auprès des spectateurs. « C’est un spectacle dans lequel je leur ai dit : j’ai des trucs à vous dire, si vous voulez, venez »
, constate simplement l’artiste. « J’ai vécu des choses dans ma vie, des moments incroyablement joyeux, heureux, j’ai vécu des moments sombres, des moments tristes. Comme tout le monde, des déceptions, des trahisons,
égrène-t-il. Je suis aujourd’hui l’homme qui est fait, sculpté, patiné de tout ça. »
Après toutes ces années, ces hauts et ces bas, « je suis un peu cabossé, mais avec un sourire, et c’est ça qui m’intéresse »
, s’amuse-t-il.
« Arrêter cette boucle infernale » : la longue quête de la « sobriété »
Loin de la course folle au succès, ébranlée d’ailleurs par des accusations de plagiat (nouvelle fenêtre), il n’a qu’un « rêve »
désormais : se recentrer. Dans la « vie d’avant »
, « je voulais vraiment que tout arrive, et tout conquérir, tout gagner, voyager et aller plus haut et plus fort et plus cher »
, se souvient-il. « L’Amérique, et la notoriété, et les Césars… Est-ce que je veux encore aller gagner, chercher, chasser ? Non, je veux plus ça. J’ai envie d’affiner, d’avoir moins, moins, moins »
, insiste l’humoriste.
Et cela passe notamment par la mise en lumière d’autres artistes, au sein de son propre comedy-club qu’il a aménagé en rachetant le cabaret mythique de la nuit parisienne « Chez Michou » (nouvelle fenêtre), depuis lequel il donne d’ailleurs l’interview. « Il y a un truc tout bête de moment de vie, de transmission. (…) Je veux y trouver une forme de satisfaction, de fierté, de transmettre aux jeunes… Et moi je prends énormément, je suis très connecté à la nouvelle génération, et quand je joue avec eux, je progresse »
, se réjouit le stand-uppeur.
Et puis, plus largement, il vise une « sobriété globale »
, née de son « rapport à l’alcool »
tout d’abord, qu’il a arrêté de consommer depuis près de quatre ans déjà. Mais qui va bien au-delà. « Cela m’a fait atteindre une sobriété dans mes émotions, dans mon intellect, ma spiritualité, mon rapport aux gens,
dans mon travail
(nouvelle fenêtre)«
, énumère Gad Elmaleh. Et parvenir à un meilleur contrôle de ses ressentis. « J’avais des pics de joie, d’euphorie, d’intensité, et des chutes vertigineuses, dans une forme de déprime, de déception »
, se remémore-t-il.
Bien plus apaisé désormais, il se dit même « prêt »
pour l’amour, parce que « j’ai commencé à m’aimer et je suis prêt à être aimé et à aimer »
. Pour cela, il a fallu « arrêter cette boucle infernale, cette spirale folle de quêtes, d’être approuvé en permanence par le métier, les amis, la famille »
, un cycle « épuisant »
. « Je ne dis pas que je suis complètement sorti de là, (…) mais je crois que le jour où tu arrêtes un peu de vouloir absolument convenir ou plaire, tout change »
, philosophe-t-il.
Quand il refusait que sa petite-fille l’appelle « Papi »…
En 30 ans de carrière, il n’a en tout cas pas perdu « l’amour du métier »
, les moments de « passion »
comme de « déception »
, mais aussi les sacrifices qu’il implique. Et notamment vis-à-vis de sa famille, le douloureux « éloignement »
pendant les tournées. « J’ai joué le jour de la naissance d’un de mes enfants, le jour de la mort d’un proche »
, confie l’humoriste, père de Noé, 24 ans (nouvelle fenêtre), et Raphaël, 11 ans et demi. Désormais, il a cessé de se produire le soir des anniversaires de ses fils.
Pour se recentrer davantage encore, le comédien resserre ses liens déjà forts avec cette famille, très « soudée »
, et notamment avec sa mère, avec qui il est « très complice »
. Depuis peu, il désamorce même la « pudeur »
et la « réserve »
de cette dernière, et ose lui dire « je t’aime »
, quitte à la prendre de court. « Il y a des problèmes parfois, mais juste sache que je t’aime tellement fort, n’oublie jamais ça »
, lui a-t-il dit un jour au téléphone. « Il faut le dire maintenant. Les plus beaux discours, toujours, c’est le jour des obsèques des gens. C’est un peu dommage »
, glisse l’humoriste.
À l’autre bout de l’arbre généalogique, sa petite fille âgée de deux ans, elle, lui « apporte une joie infinie »
. Pendant les premières semaines après sa naissance, il refusait encore qu’elle l’appelle Papi, raconte-t-il, « comme tous les grands-parents qui ne veulent pas trop assumer »
qu’ils le sont, se pensant « trop jeunes »
pour l’être, « ce qui est débile parce qu’il n’y a pas plus beau »
.
« Je m’étais dit : moi je ne suis pas un papi, je suis Gad Elmaleh, attention… J’ai inventé une forme de petit surnom : elle va m’appeler Gadi. (…) Sauf que j’en ai parlé beaucoup, à côté de la petite, et elle a capté le truc »
, retrace-t-il. Désormais, la fillette s’approche de lui « tout doucement »
: « elle me regarde, elle me fait : Papi ! »
. « C’est toi qui as raison ma chérie, on est ce qu’on est au moment de la vie où on en est, et merci »
, conclut l’artiste dans un rire.