Peut-être qu’est en train d’émerger un genre nouveau : le documentaire qui doit son succès viral aux enfants et jeunes adultes qui convainquent leurs parents de le regarder. Début septembre, on signalait le phénomène Kaizen, le film qui suit l’ascension de l’Everest par le youtubeur Inoxtag.

Deux semaines plus tard, c’était le cas de DJ Mehdi : Made in France, d’Arte. La série en six épisodes consacrée au génie de la production musicale passé du rap à l’électro a enregistré 4,7 millions de vues depuis sa mise en ligne, le 12 septembre, sur Arte.tv et Youtube. « Les deux films n’ont rien à voir entre eux, ni sur le sujet, ni les moyens, mais les gens les ont mis en parallèle, s’étonnait Bruno Nahlon, le producteur de la série d’Arte. Sans doute parce que les deux disent la même chose : “allez, pose ton téléphone et vis ta vie !” »

Sur Facebook, la sociologue Irène Théry, 72 ans, convaincue par ses fils, partageait son coup de cœur. Après avoir dévoré les épisodes « au fil d’un petit matin ­d’insomnie », en croyant que « le rap, l’électro, c’était pas pour [elle] », elle concluait : « Il n’est jamais trop tard ».

DJ Mehdi attire des sexagénaires qui apprennent à connaître quelqu’un dont ils n’avaient jamais entendu parler, des vieux parents qui ont découvert sa mort en même temps que son existence (DJ Mehdi est mort en 2011, à 34 ans), et des quinquas qui se demandent encore comment ils ont pu passer à côté de cet artiste charismatique – déjà trop vieux ou trop occupés. Ces derniers fans de DJ Mehdi ne pouvaient qu’approuver ce message de réconciliation musicale autour d’une figure du rap et de l’électro et cet hymne à la créativité et au travail.

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A quoi on les reconnaît

Ils se sont demandé s’ils étaient les seuls à n’avoir jamais entendu parler de DJ Mehdi (non), et ce qu’ils faisaient à l’époque. Juste après avoir regardé la série, ils en ont fait la promotion sur les réseaux sociaux, en précisant « pour ceux qui ne le connaissent pas ». Les premiers épisodes leur ont donné la nostalgie des cassettes audio et de l’esprit de fête autour de la Coupe du monde de foot en 1998. A plusieurs moments, des morceaux leur ont fait dire : « Ah c’était lui, ça ? » Ils trouvent qu’il est parti trop tôt, même s’ils l’ont découvert trop tard. Conscients de ne pas avoir fait partie des premiers spectateurs de la série, ils précisent qu’ils l’ont vue deux fois.

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Comment ils parlent

« Il était trop peu connu, notamment par moi. » « J’espère que les profs de musique vont faire écouter ça à leurs élèves. » « J’aurais pu le croiser. » « Je suis pas fan de rap et pourtant… » « Ce n’est pas ma génération mais… » « Quelle masterclass ! » « Je ne réalisais pas son impact dans l’histoire de la musique française. » « J’avais pas compris la portée de Tonton du bled. » « Je ne sais pas pourquoi je n’en avais pas plus entendu parler ». « Il construisait des ponts entre les cultures. » « J’étais complètement passé à côté de ce phénomène. » « Quel grand documentaire alors que je ne connaissais ni lui ni son œuvre ! » « Quel parcours inspirant, je suis à deux doigts de me remettre à la musique ! » « S’il n’était pas mort, il serait probablement… »

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