Dans la Marne, un vigneron va bientôt être jugé pour avoir écoulé pas moins de 500.000 bouteilles de faux champagne.
À l’abri des regards, la boisson contrefaite était fabriquée près de Soissons, dans l’Aisne.
L’homme est soupçonné d’avoir récupéré du mauvais vin auquel il ajoutait du gaz carbonique, de la liqueur et du sucre.

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LE WE 20H

Du faux champagne, en quantité industrielle. Au moins 500.000 bouteilles ont été produites pendant près d’un an. C’est dans une exploitation près de Soissons que la boisson contrefaite était fabriquée à l’abri des regards. Un employé d’une entreprise voisine soupçonnait une escroquerie. « Une fois, on était à l’intérieur, de passage, dans le coin, et on a vu des bouteilles vertes qui étaient sur une palette ou sur la chaîne de production », raconte-t-il dans le reportage du 20H en tête de cet article. « Des bouteilles vertes, pour moi, c’est assimilé au champagne. On se dit, c’est bizarre, cette histoire. Je ne sais pas, mais c’est suspect », estime-t-il. 

Une employée découvre la supercherie

À la tête de l’entreprise, Didier Chopin emploie, à partir de 2021, quatre personnes pour fabriquer des apéritifs et des vins pétillants. Mais en juin 2022, une employée réalise qu’il y a un problème. « Je me suis aperçue, en allant sur la chaîne de production, que la recette avait changé, on incorporait de la liqueur, et les bouchons en liège n’étaient plus les bouchons ‘La Nouvelle-Vallée’, mais des bouchons ‘Grand Vin de Champagne’« , témoigne Ludivine Jeanmingin, qui avait donné l’alerte sur l’escroquerie en 2023. 

Du gaz carbonique, de la liqueur et du sucre, étaient ajoutés à du vin bas de gamme, acheté en Espagne ou en Ardèche. Pour ne pas trop éveiller les soupçons, le vin était assemblé et embouteillé dans l’Aisne, mais partaient ensuite dans la Marne, où Didier Chopin possédait une exploitation de vrai champagne. C’est là qu’il collait d’authentiques étiquettes sur les fausses boissons. Celles-ci étaient ensuite commercialisées pour une quinzaine d’euros, dans des supermarchés en France et à l’étranger. 

Selon son avocat, contacté par téléphone, le vigneron reconnaît les faits, et se justifie par des problèmes financiers. « Il avait pris des engagements, avec notamment la grande distribution, de vendre des bouteilles de champagne terminées à 8,50 euros. Il s’est trouvé, comme tous les fournisseurs de ces grandes surfaces, coincé, parce qu’il ne pouvait pas tenir ce qu’il s’était engagé à produire », plaide maître Francis Fossier. Le vigneron sera jugé en juin devant le tribunal correctionnel de Reims, pour escroquerie, usurpation d’une appellation d’origine et abus de biens sociaux. Il encourt jusqu’à cinq ans de prison et 375 000 euros d’amende.


La rédaction de TF1info | Reportage : Elsa ASSALIT, Loïc GORGIBUS

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