Le 29 décembre 2017, Naomi Musenga, jeune maman de 22 ans, mourrait quelques heures avoir été rejetée par le Samu.
Après les écoutes téléphoniques, il avait été découvert que l’opératrice s’était moquée d’elle.
Son procès s’est ouvert ce jeudi 4 juillet.

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Mort de Naomi Musenga

« Je souhaiterais m’excuser de tout ça. Je vous demande de m’excuser, c’était inqualifiable. » C’est par ces mots, prononcés par l’accusée, le visage couvert par un foulard, que s’est ouvert, ce jeudi 4 juillet, le procès de Corinne M., 60 ans. Cette ancienne opératrice du Samu, aujourd’hui sans emploi, est poursuivie pour non-assistance à personne en danger, pour « ne pas avoir respecté les protocoles » de prise en charge, selon le parquet, lors de son échange téléphonique avec Naomi Musenga, morte peu après, le 29 décembre 2017. La régulatrice suspendue encourt cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.

L’affaire avait suscité l’émoi national lorsque l’enregistrement de leur conversation au téléphone avait été diffusé par plusieurs médias et sur les réseaux sociaux. On y entendait la jeune maman de 22 ans, souffrant de douleurs au ventre, affirmer qu’elle allait « mourir » et supplier l’opératrice, qui lui avait répondu, sur le ton du sarcasme : « Oui, vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde. » Naomi Musenga mourra à l’hôpital de Strasbourg (Bas-Rhin) après avoir été prise en charge avec « un retard global de près de 2h20 », selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). 

Une première expertise, dénoncée par sa famille, avait conclu à un décès consécutif à une « intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours ». Mais une autre avait ensuite évoqué un accident vasculaire digestif ayant entraîné une hémorragie… Une certitude : l’opératrice n’avait pas, à l’issue de leur échange, transmis l’appel à un médecin régulateur, contrairement à ce qu’imposait la procédure en cas de douleurs abdominales, et n’avait posé « aucune question » pour renseigner « l’état clinique de la patiente », a aussi pointé l’IGAS.

C’est ce manquement que soulève aujourd’hui l’avocat de la famille de la victime. « Nous espérons, à la fin de cette audience, avoir un délibéré qui va condamner cette opératrice. On se rappelle tous comment elle avait mal parlé, comment elle s’était moquée ouvertement de Naomi. Et surtout, elle n’a pas fait son travail », souligne Me Jean-Christophe Coubris depuis les couloirs du tribunal judiciaire de Strasbourg, quelques minutes avant l’ouverture du procès, au micro de TF1, dans le reportage du JT de 13H diffusé ce mercredi 4 juillet, à retrouver dans la vidéo en tête de cet article.

De son côté, l’avocat de Corinne M., lui, conteste ces poursuites et regrette par ailleurs que l’employeur ou les supérieurs de sa cliente n’aient pas été poursuivis. « On ne peut qu’être surpris qu’elle soit la seule mise en cause dans ce dossier, déclarait-il en mai auprès de l’AFP. Dans un hôpital, il y a une chaîne de responsabilités. Beaucoup auraient dû faire face à leurs responsabilités, ne pas laisser une agente de catégorie C toute seule face aux faits qui se sont déroulés. »

« Je sais que c’est terrible, cet appel. J’étais à bout dans mon travail, je ne supportais pas le stress, chaque appel était ressenti comme une agression, s’est, pour sa part défendu la prévenue ce jeudi lors de l’audience, selon des propos rapportés par l’AFP. Je reconnais les faits, bien sûr. Mais ils ne sont pas venus tout seuls. On est sous pression, on travaille 12 heures, on a une demi-heure de pause. Il faut traiter les appels très vite, décider en quelques fractions de seconde. Je n’étais plus en état de faire face. (… ) Une jeune femme de 22 ans qui a mal au ventre, pour moi c’est une gastro, j’ai pas cherché plus loin. Je suis incapable de vous expliquer pourquoi. Je suis restée dans ce truc de gastro, je n’ai pas percuté plus que ça. » Puis d’ajouter : « Je n’arrivais plus à avoir d’empathie. » 


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Jérome Garro, Philippe Vogel, Laura Bleuzen

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