Franz Kafka [1883-1924] commence à écrire Le Procès à l’été 1914, alors que la première guerre mondiale vient tout juste d’éclater. Le monde entre alors dans une période d’insécurité, de suspicion généralisée et de haine facile dans laquelle la justice, la démocratie, la fraternité et la liberté ne font plus office de valeurs cardinales. Ce n’est pas davantage le cas lors de la parution de l’œuvre, en 1925, et alors que l’avenir, comme le procès que subit Joseph K, semble incertain et opaque, gouverné par des règles arbitraires.

Un siècle plus tard, on tente à nouveau de nous convaincre que la démocratie, la justice et la liberté ne sont plus d’actualité. Je refuse d’y croire.

Nous méritons mieux que cela, et tous les peuples du monde doivent rester solidaires pour défendre nos droits durement acquis au fil des siècles et plus encore, pour préserver la paix. Pour ce faire, la démocratie demeure encore et toujours la meilleure garantie qui soit. En préservant cet idéal et en protégeant les droits humains, c’est à cela qu’œuvrent l’Union européenne, le Conseil de L’Europe et les Nations unies.

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Aucune nation ne doit sacrifier son attachement aux valeurs fondamentales pour des bénéfices à court terme. De par son histoire, le peuple français a été pionnier dans la défense de ces principes, auxquels le peuple turc est, lui aussi, profondément attaché.

Le juge chargé du dossier changé

C’est aujourd’hui d’une cellule solitaire de 12 mètres carrés [de la prison de Marmara, connue sous le nom de « prison de Silivri », près d’Istanbul] que j’écris ces lignes, prisonnier à mon tour d’un procès kafkaïen, qui m’accuse d’avoir contrefait un document officiel – en l’occurrence mon diplôme universitaire – et pour lequel je risque jusqu’à huit ans et neuf mois de prison ferme. Léger problème dans ce dossier : le chef d’accusation du procureur ne précise pas quel document officiel aurait fait l’objet de cette prétendue falsification.

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Revenons plus de trente-cinq ans en arrière. A 19 ans, j’étais étudiant à l’université américaine de Girne en Chypre du Nord, un établissement affilié à la Southeastern University de Washington. En 1990, j’ai soumis mon dossier à l’université d’Istanbul en sollicitant un transfert, que j’ai obtenu. Après quatre ans d’études à la Business School d’Istanbul, j’ai passé mes examens avec succès et obtenu mon diplôme en 1994.

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