• Le très controversé Shein, leader de la mode à très bas prix, compte ouvrir six espaces de vente physiques et pérennes en France.
  • Les commerçants s’inquiètent de voir débarquer le géant asiatique de la « fast fashion » dans les centres-villes.
  • Une équipe du 13H s’est rendue à Dijon (Côte-d’Or), où une installation est prévue.

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Le 13H

Du commerce en ligne aux achats physiques en boutique. Le géant asiatique de la fast fashion, Shein, compte installer six espaces de vente dans plusieurs villes françaises. Ceux-ci seront ouverts parmi les stands d’autres marques au sein de différents magasins détenus par la Société des Grands magasins (SGM). Outre une implantation à Paris au BHV Marais, la marque sera présente dans cinq autres boutiques de l’enseigne Galeries Lafayette à Limoges (Haute-Vienne), Grenoble (Isère), Angers (Maine-et-Loire), Reims (Marne) ou encore Dijon (Côte-d’Or). 

Dans la ville bourguignonne, l’annonce du mastodonte de la mode à bas prix, réalisée jeudi 1er octobre, provoque un tollé chez les petits commerçants. Célia Beltrant, gérante de la boutique de prêt-à-porter « Lili en pagaille », s’inquiète des tarifs très faibles proposés par Shein. Un pull vendu par la marque asiatique 9,37 euros ? « Ce n’est même pas le prix que je paie chez les fournisseurs« , souffle la professionnelle, désabusée. Pour elle, impossible de rivaliser face à de telles offres. « Je suis en colère« , poursuit la commerçante. « Ils se glissent à une période où c’est très compliqué pour tout le monde, pour le pouvoir d’achat.« 

Shein affirme que son installation va profiter aux commerçants

L’inauguration de ces espaces durables est prévue en novembre prochain. S’il s’agira alors d’une première mondiale, Shein a déjà ouvert par le passé des boutiques éphémères en France, comme à Marseille (Bouches-du-Rhône) en octobre 2024, ou à Dijon en juin dernier. Dans ce second cas, des dizaines de personnes s’étaient massées devant ce lieu de vente provisoire, avant même son ouverture. Selon les chiffres de l’entreprise, 40.000 personnes auraient poussé la porte de ce magasin en seulement dix jours. 

Pour Shein, les commerçants n’ont pas à s’inquiéter de son arrivée – cette fois pérenne – dans les centres-villes. La marque affirme que cette installation pourrait même leur profiter. À Dijon, les vendeurs traditionnels « ont fait leur chiffre du mois en dix jours« , assure Quentin Ruffat, porte-parole de Shein France, interrogé par le 13H de TF1, dans un reportage à retrouver en vidéo en tête de cet article. « Et ce uniquement car nous avons réussi, à travers cette boutique éphémère, à drainer un trafic différent, qui n’est pas à 100% dijonnais, mais qui est régional. Et ça, on a envie de le faire à Paris et dans les cinq villes où nous serons présents au sein des Galeries Lafayette. » 

Contestation de la maison mère des Galeries Lafayette

L’argument ne convainc qu’à moitié Denis Favier, président de la fédération de commerçants Shop’In Dijon. « Moi, ça fait longtemps que je dis que plus il y a de flux dans les rues, plus il y a de chances que ce flux se transforme en achats« , justifie-t-il, tout en reconnaissant que « Shein essaie de redorer son blason en s’installant physiquement dans nos centres-villes« . La firme est souvent critiquée pour les conditions de fabrication de ses produits, mais aussi pour les conséquences environnementales de son activité.

Au niveau national, l’arrivée de la marque est plutôt mal perçue par les représentants des détaillants français. « Déjà critiquée pour ses pratiques commerciales agressives, ses produits non conformes et dangereux, (…) la plateforme chinoise choisit aujourd’hui la France comme terrain d’expérimentation physique et tente une opération de respectabilité qui ne trompera personne« , a cinglé la Confédération des commerçants de France, dans un communiqué de presse.

La maison mère des Galeries Lafayette s’est aussi opposée au choix du groupe SGM, qui exploite sous son nom sept magasins affiliés en province, à l’ouverture de corners dédiés à Shein. « Les Galeries Lafayette tiennent à exprimer leur profond désaccord avec cette décision [de SGM] au regard du positionnement et des pratiques de cette marque d’ultra fast fashion qui est en contradiction avec leur offre et leurs valeurs« , a-t-elle déploré dans un communiqué. Interrogé par l’AFP, le groupe SGM « réaffirme » de son côté « que ce partenariat est conforme aux conditions contractuelles liant SGM aux Galeries Lafayette« . 

T.A. | Reportage TF1 : Elise REGAUD et Loïc GERMAIN

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