Un texte examiné ce mardi à l’Assemblée nationale propose d’interdire la vente de protoxyde d’azote à tous les particuliers.
Ces capsules ont été détournées par des jeunes qui inhalent le gaz se trouvant à l’intérieur pour ses effets euphorisants.
Des magasins ont déjà commencé à retirer ces produits de leurs rayons.
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Le 13H
C’est le péché mignon d’Eva. Chaque matin d’hiver, cette décoratrice d’intérieur se prépare un chocolat viennois. Pour cela, elle utilise des petites cartouches de protoxyde d’azote pour faire fonctionner son siphon à chantilly. Mais elle devra peut-être bientôt changer ses habitudes, car une proposition de loi est examinée à l’Assemblée nationale ce mardi 28 janvier pour interdire la vente de ces petites capsules aux particuliers. « C’est dommage parce que je vais devoir reprendre mon robot, refaire ma chantilly à la main, parce qu’il n’est surtout pas question d’en acheter de l’industrielle », réagit Eva.
Si les bonbonnes de protoxyde d’azote sont dans le viseur du Parlement, c’est parce que leur usage a été détourné. Certains jeunes s’en procurent pour inhaler le gaz aux vertus euphorisantes qu’elles contiennent. Mais l’usage récréatif de ce gaz a provoqué des accidents graves et peut avoir des conséquences irréversibles sur la santé.
D’après l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), son utilisation prolongée et à des doses élevées peut avoir de graves conséquences pour la moelle osseuse et le système nerveux, entraînant des risques de troubles neurologiques, respiratoires et cardiovasculaires graves et définitifs. C’est le cas de Chérif, que TF1 a rencontré en 2022, qui est devenu paraplégique après avoir consommé une grande quantité de gaz hilarant.
Un « fléau pour notre santé publique »
Dans certaines villes, la présence de capsules sur les trottoirs a déjà bien diminué grâce aux arrêtés pris par certains maires pour interdire la vente et l’utilisation de cartouches de protoxyde d’azote dans l’espace public, comme à Lyon depuis novembre dernier. Certaines enseignes ont aussi arrêté d’en vendre. « Il y a quelques mois, on a reçu un mail de la direction qui nous demandait de tout enlever pour justement arrêter la vente », explique Elodie Ridez, responsable marchandise générale chez Intermarché à Bailleul dans le Nord.
Mais il est possible d’en acheter dans certains bureaux de tabac ou épiceries. La vente y est seulement interdite pour les mineurs depuis une loi entrée en vigueur le 1ᵉʳ janvier 2024. Pour les policiers, une loi généralisant l’interdiction de ce produit à tous les particuliers serait plus utile. « Ça va nous aider d’une part pour assurer la sécurité des personnes, ça va nous aider justement lors des contrôles puisque nous n’avions pas de cadre légal », avance Christophe, capitaine de police, responsable des commissariats de secteur dans l’agglomération de Valenciennes.
La proposition de loi déposée par le député insoumis Ider Boumertit vise à « restreindre la vente de protoxyde d’azote aux seuls professionnels et à renforcer les actions de prévention sur les consommations détournées ». Les auteurs du texte expliquent que cette substance est la troisième « la plus consommée par les jeunes, en dehors de l’alcool et du tabac selon la préfecture de police de Paris » et dénoncent un « fléau pour notre santé publique ». Après avoir été examinée et votée par ce mercredi 22 janvier par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, la proposition de loi est désormais entre les mains de tous les députés.