À 38 ans, Alexis Hanquinquant s’apprête à disputer ses deuxièmes Jeux en tant que triathlète paralympique.
Après sa médaille d’or à Tokyo, le Français compte bien remporter un nouveau titre devant sa famille.
Auprès d’Audrey Crespo-Mara, il est revenu sur son parcours et les sacrifices pour atteindre ce niveau.

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Jeux olympiques et paralympiques

À 38 ans, Alexis Hanquinquant a tout gagné. Champion de France, d’Europe et du monde en paratriathlon, il remporte en 2021 la médaille d’or à Tokyo et compte bien renouveler l’exploit à Paris, devant ses proches. Pourtant, rien ne le prédestinait à cette réussite en tant que sportif de haut niveau. En 2010, alors qu’il n’a que 24 ans, toute sa vie chavire suite à un accident de travail, qui le prive de l’usage de sa jambe droite. Pour Sept à Huit, il raconte cet événement à Audrey Crespo-Mara, mais aussi sa reconstruction, véritable revanche qui lui permet aujourd’hui de tutoyer les étoiles.

Les trois premiers mois d’hospitalisation, je vais avoir 25 anesthésies générales

Alexis Hanquinquant

Alexis Hanquinquant aura d’abord dû traverser des années de souffrances. Le 5 août 2010, alors qu’il est maçon, le Normand est victime d’un grave accident de travail. « Je suis aux commandes d’un engin de chantier et il va y avoir un gros basculement de l’engin. Malencontreusement, je vais avoir cette jambe qui va se retrouver broyée par cet engin, je sens que je perds vie », se rappelle-t-il. « Je perds la moitié de mon sang en vingt minutes… La chance que j’ai, c’est que ça a coagulé parce que sinon, je serai même pas là pour en parler », ajoute-t-il, encore marqué 14 ans après.

Après être passé si près de la mort, le jeune homme, alors âgé de 24 ans, veut tout faire pour parvenir à marcher à nouveau. Mais le chemin est long. « Les trois premiers mois d’hospitalisation, je vais avoir 25 anesthésies générales », souligne-t-il, tout en restant motivé. « Je me dis que c’est un gros combat et que je veux le mener. Comme je n’ai que 24 ans, pour moi, je vais me remettre debout », explique-t-il.

L’amputation, trois ans après

Une détermination qui lui vient probablement du sport, qu’il dit avoir pratiqué toute sa vie. « Je suis un amoureux du sport. Ça a forgé mon mental, un mental de combattant, un mental à jamais se laisser abattre et toujours essayer d’aller de l’avant », insiste-t-il. C’est trois ans après son accident qu’il prend la lourde décision de se faire amputer sa jambe blessée. « Elle était sauvée médicalement, mais elle me faisait souffrir au quotidien et elle ne me permettait pas de m’épanouir comme j’en avais envie », explique-t-il. 

Cette opération, radicale, est surtout vue comme un nouveau départ pour Alexis Hanquinquant. « Je suis en salle de réveil, l’amputation vient d’être faite, je vais soulever le drap et effectivement, je vois que je suis amputé. Ça me réconforte, enfin ça y est, cette jambe est partie. Je repars à zéro et c’est hyper excitant pour moi, un soulagement », se souvient-il.

Je vais tout faire pour devenir sportif paralympique

Alexis Hanquinquant

Alexis Hanquinquant, soutenu par sa femme et ses enfants, doit alors se fixer un nouvel objectif de vie. « Très vite, le sport est une évidence. J’ai besoin de me défouler, de reprendre goût à la vie. Ma femme me dit : ‘Tu as l’opportunité de reprendre à zéro, qu’est-ce que tu as toujours voulu faire ?’ Je vais tout faire pour devenir sportif paralympique », raconte-t-il en toute simplicité. Il se lance donc dans le paratriathlon. « Comme c’est un sport qui est très exigeant, je me suis dit que c’était celui-là qu’il me fallait pour repartir du bon pied si je puis dire », plaisante-t-il.

Les débuts ne sont pas évidents. « Ce qui est très difficile pour moi, c’est de prendre confiance dans la prothèse », se rappelle-t-il. « Mais en fait, très vite, j’ai envie de déplacer des montagnes. Parce que quand vous avez traversé l’enfer, et que vous commencez à concevoir le paradis, vous n’avez qu’une envie, c’est de les pousser, ces montagnes, ou de les gravir », souligne-t-il.

Rapidement, le sportif se hisse au plus haut niveau de sa discipline. L’athlète remporte le championnat de France en 2016 et depuis mène une carrière exemplaire, décrochant les titres les uns après les autres. Après sa médaille d’or à Tokyo, celui qui est porte-drapeau de la délégation française pour ces Jeux paralympiques à Paris est déterminé à aller cherche un nouveau titre olympique devant ses proches. 

« Je suis dans un état d’esprit combattant, conquérant. Je suis le leader de ma catégorie, je ne veux pas d’excès de confiance, mais aujourd’hui, tous les voyants sont au vert. Je veux tellement gagner chez moi qu’il faudra être fort pour venir me battre », annonce-t-il. Ses adversaires sont prévenus.


Aurélie LOEK | Propos recueillis par Audrey Crespo-Mara

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