Ces derniers jours, ils se sont comptés à Bram (Aude), salués à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), croisés à La Réole (Gironde), bien décidés à faire savoir que quelque chose d’inédit se passe à gauche. Les « mous » se rebiffent, la gauche réformiste, qui traîne la mauvaise réputation d’être trop tiède, trop pâle, trop ouverte aux compromis, joue l’air de la révolte. Sus à Mélenchon ! Halte au joug ! Honte aux complices qui, sous couvert de défendre les couleurs socialistes, s’alignent sur l’« insoumis » ! Jamais depuis 2017 une telle volonté d’émancipation n’avait été proclamée et amplifiée par autant de voix en même temps.

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Dans cette irruption un peu foutraque, on compte des revenants comme l’ancien président de la République François Hollande et son ancien premier ministre Bernard Cazeneuve, des figures nouvelles comme le maire de Saint-Ouen, Karim Bouamrane, des élus locaux socialistes comme la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, la maire de Paris, Anne Hidalgo, l’édile de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, et un outsider, Raphaël Glucksmann.

C’est par lui que l’espoir est revenu le 9 juin avant de s’évaporer quelques heures plus tard. Ce soir-là, le candidat Parti socialiste (PS) et Place publique a eu à peine quelques minutes pour savourer son score aux élections européennes – près de 14 % des suffrages, 4 points devant la candidate La France insoumise (LFI) Manon Aubry – avant d’être balayé par la dissolution de l’Assemblée nationale, renvoyé à Bruxelles par les apparatchiks, marginalisé par l’irruption du Nouveau Front populaire.

La concurrence, un puissant moteur

Cette union de la gauche puissamment rallumée par le réflexe anti-Rassemblement national avait pourtant été amplificatrice des frustrations qu’avait suscitées la Nouvelle Union populaire écologique et sociale. Non seulement la gauche n’est pas à Matignon, mais Jean-Luc Mélenchon, malgré son image écornée et sa ligne contestée, continue de faire la pluie et le beau temps au sein de la coalition. Le 17 septembre, le bureau de l’Assemblée nationale a jugé recevable la procédure de destitution d’Emmanuel Macron lancée à l’initiative de LFI. Le vote, unanime à gauche, a été acquis grâce à l’indispensable soutien des trois représentants du PS, lequel n’était pourtant pas favorable à ce que la procédure aboutisse.

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Mardi 8 octobre, c’est le patron du PS, Olivier Faure, qui défend au nom de son parti, mais aussi de toute la gauche, la motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier accusé entre autres de « reprendre les concepts et le vocabulaire de l’extrême droite ». Depuis le vote de la loi « immigration » en décembre 2023, Jean-Luc Mélenchon théorise la cristallisation dun paysage politique binaire – gauche unie contre extrême droite – qui ferait de lui l’unique opposant à Marine Le Pen.

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