
Historien spécialiste de la seconde guerre mondiale et plus particulièrement du régime de Vichy et de la Résistance française, Jean-Pierre Azéma est mort à Paris le 14 juillet, à l’âge de 87 ans.
Sans doute le choix de ce champ de spécialité n’est-il pas tout à fait lié au hasard. Avoir suivi à Sciences Po le séminaire que René Rémond (1918-2007) consacra au gouvernement de Vichy en 1967 s’avéra certes décisif, conduisant le jeune historien à s’immerger dans la période, au risque de dénoncer très tôt une littérature qui l’irritait par son manque de rigueur et ses engagements partisans – il ciblait particulièrement l’Histoire de Vichy (Fayard, 1954) de Robert Aron (1898-1975), dont il disait qu’elle était un « contre-modèle pour tout jeune chercheur ». Mais son histoire familiale ne fut pas étrangère à ce choix.
Quand il naît à Paris le 30 septembre 1937, son père, le poète réunionnais Jean-Henri Azéma (1913-2000), milite à l’Action française et fréquente Robert Brasillach et Pierre Drieu la Rochelle. Sous Vichy, il devient la voix du gouvernement sur Radio Paris, et travaille pour l’hebdomadaire collaborationniste et antisémite Je suis partout. Sans conscience politique, l’enfant ne voit que la succession de réceptions données dans le bel appartement de la rue Victor Considérant, dans le 14e arrondissement de Paris, qui réunissent la fine fleur de la collaboration.
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