« Jamais le monde n’a eu autant besoin d’inventer de nouvelles formes d’action collective, mais rarement cette entreprise a été aussi ardue », écrivent l’économiste Jean Pisani-Ferry et son coauteur, le professeur d’économie politique internationale à l’Institut universitaire européen de Florence George Papaconstantinou, dans l’introduction des Nouvelles règles du jeu. Comment éviter le chaos planétaire (Seuil, 144 pages, 12,90 euros). Alors que les crises du climat et de la biodiversité, la transition énergétique, les migrations, l’essor de technologies disruptives comme l’intelligence artificielle… sont autant de défis communs à toutes les sociétés humaines et aux Etats qui les gouvernent, la fragmentation géopolitique et les replis sur les égoïsmes communautaires – nationaux, religieux, sociaux – éloignent de plus en plus la possibilité de coopérer pour gérer les biens communs mondiaux.

Mais Jean Pisani-Ferry est un économiste optimiste. Enseignant à Sciences Po, chercheur associé à l’institut Bruegel, à Bruxelles, et au Peterson Institute for International Economics, à Washington, il pense que la connaissance des faits réels permet de trouver des solutions raisonnables et de les mettre en œuvre. Du moins, il l’espère…

Avec la seconde élection de Donald Trump, la montée des extrêmes droites dans les démocraties, la guerre en Ukraine, le clivage entre pays du Nord et du Sud sur le climat… le « chaos planétaire » n’est-il pas en train de s’installer ?

Il y a en effet aujourd’hui peu de raisons d’être optimiste, et il est d’autant plus urgent de comprendre pourquoi nous vivons une telle contradiction entre l’universalité des problèmes et la fragmentation des réponses. Les institutions de la coopération internationale, qu’elles soient politiques – comme l’ONU et ses agences – ou économiques et financières – comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce –, ont été créées après-guerre pour gérer les problèmes de cette époque : la reconstruction, le développement économique et la stabilité du système financier ainsi que du commerce international.

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Mais, depuis, de nouveaux défis communs sont apparus : le réchauffement climatique, les pandémies, la raréfaction de ressources stratégiques, la révolution des technologies de l’information ou encore l’ambition chinoise d’imposer un nouveau leadership mondial. Il est normal que ces institutions ne puissent répondre, en l’état, à ces nouveaux défis. Il faut les faire évoluer, ou en créer de nouvelles.

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