Manifestation après la suspension de Jimmy Kimmel, devant le El Capitan Entertainment Centre, sur Hollywood Boulevard, à Los Angeles, où son émission est enregistrée, le 22 septembre 2025.

L’émission de l’humoriste Jimmy Kimmel, dont la suspension la semaine dernière a provoqué des débats houleux sur la liberté d’expression aux Etats-Unis et les pressions de l’administration Trump sur les médias, sera de retour à la télévision mardi 23 septembre, a annoncé Disney. Cette décision survient « après des conversations réfléchies avec Jimmy », souligne le groupe, propriétaire de la chaîne ABC, dans un communiqué.

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ABC avait annoncé, mercredi 17 septembre, suspendre « Jimmy Kimmel Live ! », l’émission du célèbre trublion et critique inlassable du président américain Donald Trump, « pour une durée indéterminée ». L’animateur avait été pris en grippe par Brendan Carr, le patron du gendarme des télécoms et de l’audiovisuel américains (FCC), qui avait publiquement menacé quelques heures plus tôt de retirer leur licence aux chaînes qui diffusaient son émission. Ce proche allié de M. Trump dénonçait un « comportement scandaleux » de l’humoriste, car M. Kimmel avait accusé la droite américaine d’exploiter politiquement le meurtre de l’influenceur Charlie Kirk, assassiné par un jeune homme de 22 ans qui semblait avoir des opinions de gauche, selon ses parents républicains.

« La clique MAGA », les partisans de Trump, « s’efforce désespérément de présenter ce jeune qui a assassiné Charlie Kirk comme tout sauf un des leurs » et « fait tout son possible pour en tirer un avantage politique », avait lancé l’humoriste dans son émission du lundi 15 septembre. Dans son communiqué, Disney explique que la décision de suspendre temporairement son émission avait été prise « afin d’éviter d’aggraver une situation tendue à un moment émotionnel pour notre pays ». Le groupe ne précise pas si M. Kimmel formulera des excuses lors de son retour à l’antenne.

Sa suspension a provoqué un tollé aux Etats-Unis, où beaucoup y ont vu un prétexte pour se débarrasser d’un des visages les plus célèbres du petit écran, qui irritait Donald Trump de façon notoire. Le président américain avait immédiatement salué « une grande nouvelle pour l’Amérique » et appelé à priver d’antenne d’autres figures du secteur de l’infotainment, comme Jimmy Fallon et Seth Meyers. Jeudi, le milliardaire républicain avait également suggéré que la FCC envisage de retirer leurs licences aux chaînes d’information qui le critiquent. « Elles ne me fournissent que de la mauvaise publicité », avait-il déclaré devant la presse. « Et je veux dire, ils obtiennent une licence, je pense peut-être que leur licence devrait être retirée. Ce sera à Brendan Carr de décider. »

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Pétition de célébrités

L’épisode a renforcé les craintes d’une attaque généralisée envers la presse. Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump restreint les accès à la Maison Blanche ou intente des procédures en réclamant des sommes astronomiques. Sa plainte en diffamation la plus récente, réclamant 15 milliards de dollars au New York Times, a été jugée « irrecevable » vendredi par un juge qui a accordé quatre semaines au camp présidentiel pour la reformuler.

Avant l’annonce du retour à l’antenne de M. Kimmel, plus de 400 stars d’Hollywood ont protesté contre la sanction, en la qualifiant de « moment sombre pour la liberté d’expression dans notre nation », et en dénonçant une décision « inconstitutionnelle et anti-américaine ». « Le gouvernement menace des entreprises privées et des individus avec lesquels le président est en désaccord. Nous ne pouvons pas laisser cette menace à notre liberté d’expression sans réponse », estimaient les célébrités, dont Pedro Pascal, Tom Hanks, Jennifer Aniston, Meryl Streep et Robert De Niro, dans ce courrier.

La suspension de M. Kimmel avait également provoqué des remous au sein de la droite américaine, qui fait traditionnellement de la liberté d’expression une de ses valeurs cardinales, dans un pays où même les discours haineux sont considérés comme protégés par la Constitution. Des figures républicaines comme le sénateur Ted Cruz où le présentateur Tucker Carlson avaient émis des réserves la semaine dernière.

Le Monde avec AFP

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