Quel jugement les historiens porteront-ils sur Joseph Robinette Biden ? Diront-ils que le 46e président des Etats-Unis s’est trompé d’époque ? Juste ou injuste, son apparente fragilité physique a compté : elle tranchait, comme un signe de déphasage, dans le monde de brutes de cette fin de quart de siècle. Il appartenait à la génération « d’avant ». Quand le rival politique n’était pas un ennemi. Quand le mensonge avait encore des limites. Quand l’intérêt de l’Etat ne se confondait pas avec celui du « big business ». Quand la politesse et une manière de décence dans l’exercice du pouvoir n’étaient pas signes de faiblesse mais allaient avec la fonction.
Donald Trump lui succède. Repris de justice, il incarne la nouvelle ère : vulgarité, mensonge à outrance, mépris de la Constitution, traitement injurieux de l’opposition et menace de « vengeance » à son adresse, capitalisme de connivence. Avec la complicité de la Cour suprême, Trump n’a pas été jugé pour son rôle dans le crime du 6 janvier 2021 ; ultime pied de nez à la justice, il vient de gracier les 1 500 manifestants violents condamnés pour avoir, ce jour-là, donné l’assaut du Capitole – afin de faire annuler la victoire de Biden, en novembre 2020.
Vérité cruelle : Biden n’est pas étranger au retour de Trump à la Maison Blanche. Il porte sa part de responsabilité dans le succès du républicain à l’élection de novembre 2024. Sondage après sondage, les électeurs démocrates disaient qu’ils ne voulaient pas d’une deuxième candidature Biden. Ils incriminaient ses 82 ans. Péché d’orgueil ou tragédie de l’âge, justement, voire les deux à la fois, Biden ne s’est désisté qu’à l’été 2024.
La vice-présidente Kamala Harris a eu moins de cent jours pour faire campagne. Elle réalise un score plus qu’honorable, en suffrages populaires, avec tout juste 1,6 point de moins que le score de Trump. La victoire du républicain n’était pas inéluctable.
Le cessez-le-feu tout juste conclu dans la guerre entre Israël et le Hamas corrobore, à tort ou à raison, le sentiment que Biden manquait de détermination. L’accord était prêt depuis la fin mai 2024, mis au point par la diplomatie américaine. Mais il a fallu le tandem constitué avec l’équipe Trump pour exercer la pression nécessaire et obtenir l’aval de Benyamin Nétanyahou.
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