À la veille de l’ouverture du procès de Joël Le Scouarnec, son ex-épouse s’est exprimée en exclusivité ce dimanche dans « Sept à Huit ».
Celle qui affirme ne jamais avoir rien su des déviances de l’ex-chirurgien est l’une des rares à venir régulièrement lui rendre visite en prison.

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Affaire Le Scouarnec : le procès de l’horreur et de l’omerta

Joël Le Scouarnec serait, en nombre de victimes potentielles, le pire pédophile de l’histoire judiciaire en France. Le procès hors norme qui s’ouvre ce lundi 24 février à Vannes, devant la cour criminelle du Morbihan, porte sur 314 viols et agressions sexuelles qu’aurait commis l’ex-chirurgien dans dix hôpitaux où il a exercé de 1986 à 2014. Âge moyen des victimes présumées : 11 ans. Son ex-épouse, Marie-France, qui l’a quitté aux alentours de 2005 et affirme n’avoir découvert ses agissements qu’en 2017, en même temps que le grand public, est l’une des trois personnes qui, jusqu’à récemment, ont continué de lui rendre visite régulièrement au centre pénitentiaire de Ploemeur, où il est incarcéré dans l’attente de son jugement.

Si elle a refusé d’être filmée par les caméras de TF1, elle a néanmoins accepté de répondre aux questions de « Sept à Huit », dans le cadre de l’enquête diffusée dans l’émission ce dimanche 23 février. « Je m’occupe de lui parce qu’il n’a personne d’autre. Ce n’est plus le même que lors du premier procès (il a été condamné, en décembre 2020, à 15 ans de réclusion criminelle pour des atteintes sexuelles sur deux de ses nièces et une jeune patiente dans les années 1990, ndlr). Maintenant, il veut répondre de ses actes. Il est très suivi et il a envie de se soigner. Il pense qu’il est très bien là où il est, que là il ne fait de mal à personne. Ni les psychiatres, n lui-même n’arrivent pour le moment à comprendre pourquoi il est comme ça », déclare-t-elle.

Le 10 février, son ex-femme s’était exprimée dans les colonnes de Ouest-France (nouvelle fenêtre), pour rappeler qu’elle n’était « pas au courant de ses penchants » et qu’elle n’a pris connaissance de l’existence de ses cahiers, dans lesquels il a rigoureusement consigné trois décennies de viols sur mineurs dans l’exercice de ses fonctions, « qu’après son interpellation »… Pour elle, « ce nouveau procès concerne sa vie professionnelle. Je n’ai rien à dire là-dessus et d’ailleurs, mon avocate m’a dit que je n’avais de compte à rendre ni à la justice, ni à personne », insistait-elle, décrivant Joël Le Scouarnec comme « un homme intelligent, brillantissime, qui a une culture générale incroyable » et dont elle n’avait jamais pensé qu’il aurait pu « trahir sa famille »« Ce n’est pas moi », assure-t-elle enfin quand on l’interroge sur la récurrence du pronom personnel « elle » dans les pages desdits cahiers.

Ces journaux intimes de l’accusé, qui semblent n’éluder aucun détail et ont justement permis aux gendarmes de remonter le fil jusqu’aux près de 300 victimes, livrent toutefois une possible autre version. L’ex-chirurgien y situe à l’année 1983, neuf ans après son mariage avec l’aide-soignante, la découverte de ses penchants, en évoquant son attirance pour l’une de ses nièces, âgée alors de 8 ans. Puis, en 1996, il écrit : « Un cataclysme est venu s’abattre sur moi. Elle sait que je suis pédophile. Elle m’a dit d’aller me faire soigner. » Son épouse l’aurait-elle alors démasqué ? Une certitude, en attendant que le nouveau procès réponde éventuellement à cette question : quelques lignes en dessous de cette mention du « cataclysme », Joël Le Scouarnec note en tout cas : « Je vais maintenant reprendre le fil de mes activités sexuelles pédophiles. » Selon les deux nièces du procès de 2020, citées par RMC, « sa femme était parfaitement au courant, elle savait. Des discussions ont eu lieu chez elle depuis 1999 ».


Hamza HIZZIR | Reportage « Sept à Huit »

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