Depuis un peu plus de 50 ans, la journée internationale de la Terre nourricière est célébrée le 22 avril.
À cette occasion, Fabrice Bonnifet s’interroge sur notre gestion des ressources naturelles de notre planète.
Le président du C3D, le collège des directeurs du développement durable, nous livre son nouvel édito.

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Impact positif

Chaque année, le 22 avril sert de cadre à la Journée de la Terre dont le but est de sensibiliser l’humanité à propos de la singularité de notre planète, sa beauté et sa biodiversité. Force est de constater que ce moment trop furtif est inopérant pour nous faire prendre conscience de cette grande cause transnationale. On y pense un instant en grimaçant, puis on oublie immédiatement. Dans la tête de beaucoup, c’est bien beau les petits oiseaux, les coraux, les poissons dans l’eau…, mais tout cela ne pèse rien face au « progrès ». Et le prix à payer pour l’avoir, c’est de piller chaque jour un peu plus les ressources naturelles de la Terre sans volonté réelle de les régénérer.

Rien ne remplace rien, car l’on confond l’évolution technologique avec ses éléments constitutifs

Fabrice Bonnifet

Pour produire sans polluer, certains avancent qu’il suffirait de remplacer du « sale » issu des énergies fossiles, par du « propre » issu de tout le reste. En réalité, lorsqu’on y regarde de plus près, rien ne remplace rien, car l’on confond l’évolution technologique avec ses éléments constitutifs. Explication : pour fabriquer tous les produits qui nous entourent, il faut des matières premières. Or, si le progrès technologique ne cesse de nous étonner avec des solutions toujours plus efficientes et performantes, leurs éléments constitutifs s’appuient sur une palette de ressources toujours plus large, parmi lesquelles celles utilisées pour les générations précédentes de produits conservent une part prépondérante. 

Charbon, gaz, pétrole toujours d’actualité

Autrement dit, si les produits et les recettes de fabrication évoluent, les ingrédients de base restent sensiblement les mêmes (cuivre, nickel, zinc…) avec des modes d’élaboration qui dépendent de lois physiques indépassables. En dehors de quelques cas anecdotiques, aucune matière première n’a été réellement abandonnée, elles ont juste changé d’usage dans une perpétuelle danse symbiotique avec les énergies fossiles qui participent à leur production. Ainsi pour électrifier l’industrie et produire : des voitures électriques, des éoliennes et des panneaux solaires…. il faut toujours plus de métaux extraits, transportés et raffinés avec encore et toujours du charbon, du gaz et du pétrole.

En conséquence, tant que nous resterons dans une approche linéaire et volumique du « progrès », dans lequel l’objectif est d’abord de produire pour accumuler avant de jeter et non de produire pour contenter la suffisance par la mutualisation, nous ne diminuerons jamais notre empreinte écologique sur le système Terre. Pourtant, il serait possible de vivre différemment, sans renoncer au meilleur du progrès technologique. Pour cela, nous devons accepter de reconfigurer notre modèle de prospérité en mettant l’éco-modernisme au service de la réduction de la production et de la consommation du non essentiel, en planifiant démocratiquement les choix civilisationnels à opérer, dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être de toutes les populations.


Fabrice BONNIFET

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