Selon le ministère de l’Intérieur, 4.800 infractions anti-LGBT+ ont été enregistrées l’an passé.
Il s’agit de 3.100 crimes ou délits (+7% en un an) et 1.800 contraventions (+1%).
Des associations déplorent une multiplication des discours discriminants par des personnalités politiques.

Insultes dans la rue, cyberharcèlement, violences physiques… Les infractions anti-LGBT+ ont augmenté de 5% en France en 2024 selon des chiffres officiels. Au total, 4.800 infractions ont été enregistrées l’an passé, dont 3.100 crimes ou délits (+7% en un an) et 1.800 contraventions (+1%), a indiqué jeudi 15 mai le ministère de l’Intérieur, à l’approche de la journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, organisée samedi 17 mai. 

Les victimes de crimes et délits répertoriés par les autorités sont majoritairement des hommes (plus de 70% en 2024) et près de la moitié ont moins de 30 ans, selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI). Les mis en cause sont aussi principalement des hommes (83%) et également des jeunes de moins de 30 ans. Un tiers des infractions anti-LGBT+ enregistrées sont des injures ou diffamations, et 9% sont en lien avec le numérique. Les violences physiques et les menaces représentent quant à elles respectivement près de 20% des crimes ou délits enregistrés.

Le recours au dépôt de plainte reste « extrêmement faible » (environ 4%) parmi les victimes d’actes anti-LGBT+, selon l’enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité du SSMSI. L’agglomération parisienne et les autres communes de plus de 200.000 habitants concentrent 55% des actes anti-LGBT+, selon la publication du SSMSI.

Les crimes et délits augmentent plus vite que les contraventions, or, ils correspondent à des actes plus graves.

Flora Bolter, co-directrice de l’observatoire LGBTI+ de la fondation Jean Jaurès, auprès de l’AFP

La progression annuelle des infractions anti-LGBT+ reste toutefois moins importante que les années précédentes. Les infractions contre les lesbiennes, gays, bi et trans avaient augmenté de 15% en moyenne sur la période 2016-2023. « On reste sur une réalité problématique », estime auprès de l’AFP Flora Bolter, co-directrice de l’observatoire LGBTI+ de la fondation Jean Jaurès. « Les crimes et délits augmentent plus vite que les contraventions, or, ils correspondent à des actes plus graves ». Ce durcissement « inquiétant » des actes anti-LGBT+ s’observe aussi au niveau européen, selon cette spécialiste.

Pour Julia Torlet, présidente de SOS Homophobie, le climat actuel est « délétère » : des personnalités politiques multiplient les propos anti-LGBT+, ce qui « encourage les actes haineux et leur « donne une légitimité ». « Ces discours s’infusent dans la société et deviennent banals ce qui est dangereux », a-t-elle ajouté auprès de l’AFP.

Des discours qui « libèrent la parole en ligne »

L’association SOS Homophobie a récolté l’an dernier 1.571 témoignages à travers ses dispositifs d’écoute et de soutien aux victimes (ligne téléphonique 01.48.06.42.41, chat, mail), selon son rapport annuel (nouvelle fenêtre) publié jeudi soir. Un chiffre en baisse par rapport aux 2.085 témoignages de 2023. Plus de la moitié de ces témoignages (55%) dénoncent de la gayphobie, 23% de la transphobie, 18% de la LGBTphobie en générale, 12% de la lesbophobie, 3% de la biphobie et 1% de l’intersexophobie.

Les discours anti-LGBT+ des politiques « libèrent aussi la parole en ligne, on se retrouve avec une explosion de propos anti-LGBT et de cyberharcèlement » qui a notamment ciblé l’an dernier des personnalités, pointe Julia Torlet de SOS Homophobie. Ainsi, Thomas Jolly, le directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, qui incluait un tableau mettant en scène des drag queens, a été pris pour cible, rappelle le rapport de l’association, tout comme la DJ Barbara Butch, star de ce tableau. La justice française poursuit et a condamné récemment certains des auteurs de ces messages.

J.C avec AFP

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