Judit Elek sur le tournage de « Mémoires d’un Fleuve », en 1989.

Dans la longue histoire des rapports entre art et idéologie, la voie du réalisme est la plus tortueuse et semée d’embûches, parce que tous les partis s’en revendiquent, à plus forte raison les pouvoirs en place. Cela, Judit Elek le savait mieux que quiconque, elle qui devint cinéaste dans la Hongrie des années 1960, rattachée au bloc soviétique. Elle navigua toute sa vie entre dogmes et programmes, pour filmer la Hongrie des interstices, celle des ouvriers, des paysans, des petits employés et des passants des grandes villes : des gens comme les autres, des individus ordinaires, des vies privées et leurs tourments.

L’œuvre de cette pionnière du « cinéma direct » s’élève à 18 films, courts et longs-métrages confondus, tournés entre 1963 et 2018, parmi lesquels La Dame de Constantinople, révélé à la Semaine de la critique à Cannes, en 1969, qui fait figure de fleuron.

La réalisatrice est morte mercredi 1er octobre, à l’âge de 87 ans, « des suites d’une longue maladie », comme l’a annoncé son fils Laszlo Berger, directeur de la photographie et producteur. Sa disparition intervient au moment où son œuvre était redécouverte à la faveur de récentes rétrospectives, qui conjuraient enfin l’oubli relatif où était tombé son nom, à l’instar de nombre de réalisatrices de sa génération.

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