La France devra faire « plus d’efforts » budgétaires pour augmenter ses dépenses militaires budgétaires, dit Eric Lombard, le ministre de l’économie français

Eric Lombard, le ministre de l’économie français, a évoqué mardi, sur France Info, l’annonce de la suspension de l’aide militaire américaine à l’Ukraine : « Si c’est confirmé, ça veut dire que l’Europe doit retrouver son autonomie stratégique. Si l’aide à l’Ukraine se tarit, nous devons intervenir plus pour envoyer plus de matériel, plus d’aide. Dans le cadre du G7, nous avons reçu le ministre des finances ukrainien et nous avons confirmé que nous allions continuer à soutenir l’Ukraine jusqu’au cessez-le-feu. »

Face à cette suspension, « nous devons nous adapter, et les Européens s’organisent pour cela ». Selon le ministre, la France doit s’organiser : « Les Américains, depuis Barack Obama, nous demandent d’assumer notre part du fardeau. Il y a un réveil de l’Union européenne pour augmenter nos investissements de défense. » Concernant la France, « nous devrons faire plus d’efforts pour nous protéger, pour bâtir cette économie en faveur de la paix et renforcer la défense dans un modèle européen. Nous allons devoir dépenser plus d’argent public et donc effectivement, cela imposera plus d’efforts », a déclaré le ministre.

Par rapport à la loi de programmation militaire, qui prévoit d’augmenter les crédits annuellement de 3 milliards d’euros, « il faudra aller plus vite et plus fort », a-t-il ajouté. « Quel montant et quel délai, ça fait l’objet de discussions qui seront évidemment tranchées par le président de la République, parce que les questions de défense nationale relèvent du président, avec le premier ministre », a-t-il déclaré. Pas question en tout cas selon lui de tailler dans les dépenses sociales pour financer la défense : « On va maintenir le système de protection sociale française, ça c’est absolument essentiel, a-t-il assuré. Le premier levier pour équilibrer nos finances publiques, c’est le taux d’emploi. »

Capturer les avoirs russes gelés et les utiliser pour financer des dépenses militaires européennes serait « contraire aux accords internationaux », a ajouté Eric Lombard. « La position de la France, c’est que ces avoirs russes (…) appartiennent notamment à la Banque centrale de Russie, a-t-il encore dit. « Ça ne peut pas être des avoirs qui seraient capturés », car ce « serait contraire aux accords internationaux auxquels la France et l’Europe ont souscrit ».

Saisir ces avoirs pourrait créer « un précédent économique » et rendre méfiants les investisseurs, a aussi souligné le ministre délégué aux affaires européennes, Benjamin Haddad. Les pays de l’Union européenne utilisent déjà les profits dégagés par les avoirs russes gelés afin d’aider à armer l’Ukraine et financer sa reconstruction d’après-guerre, une manne de 2,5 à 3 milliards d’euros par an. En revanche, l’option d’une saisie des avoirs russes eux-mêmes a jusqu’ici été écartée, essentiellement pour des raisons d’ordre juridique.

En décembre dernier, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, avait plaidé pour utiliser directement les avoirs russes gelés. Lors d’un débat à l’Assemblée nationale française lundi, l’ancien premier ministre Gabriel Attal et d’autres parlementaires se sont dits favorables à une confiscation, ce que le chef de la diplomatie, Jean-Noël Barrot, a écarté, évoquant « un risque financier trop important ».

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