La chute du régime de Bachar al-Assad a provoqué un séisme en Syrie, où plusieurs belligérants s’affrontent depuis 2011.
Kurdes, rebelles, djihadistes… malgré la victoire des islamistes radicaux, le territoire reste divisé.

Suivez la couverture complète

Syrie : la chute du régime de Bachar al-Assad

Une offensive éclair qui rebat les cartes diplomatiques. Malgré la chute du régime de Bachar al-Assad , la Syrie demeure un pays morcelé entre plusieurs belligérants, chacun se partageant de vastes pans de territoires.

Les islamistes radicaux

Sans surprise, les islamistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS) sont désormais les maîtres de la majorité du pays . Ces rebelles dominaient l’enclave d’Idleb dans le nord-ouest du pays, qui était alors le principal bastion de l’opposition armée. Après Alep, ils ont ensuite progressé vers Hama (centre), quatrième ville syrienne dont ils ont pris le contrôle, puis Homs et Damas, la capitale. Ils occupent dorénavant les deux tiers du territoire.

Les Kurdes et les Américains

Profitant de l’affaiblissement du régime après le début de la guerre en 2011, les Kurdes avaient mis en place une « administration autonome » dans des zones du nord et de l’est du pays, après le retrait du régime d’une grande partie de ces régions au début de la guerre. Soutenues par Washington, les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes) ont progressivement étendu leur territoire, en enchaînant les victoires face à l’EI. Elles dominent le nord-est de la Syrie, et contrôlent une partie de la province de Deir Ezzor (est), notamment la rive est de l’Euphrate. Elles occupent désormais la rive ouest du fleuve, les forces gouvernementales et les groupes pro-iraniens qui leur sont alliés, étant soudainement partis.

Des forces américaines, déployées dans le cadre d’une coalition internationale anti-EI , sont stationnées sur plusieurs bases en territoire kurde, notamment dans la province pétrolière de Deir Ezzor. Elles sont également présentes dans le sud, sur la base stratégique d’al-Tanf, près des frontières jordanienne et irakienne. 

La Turquie et les factions

Les forces turques et leurs supplétifs syriens contrôlent une bande territoriale discontinue entre Afrine et Ras al-Aïn, dans le nord-ouest, le long de la frontière turque. Parallèlement à l’offensive à Alep, ces groupes ont pris l’enclave de Tal Rifaat, contrôlée par les Kurdes, ainsi que Deir Ezzor et Manbij.

Les rebelles du sud

Profitant de l’effondrement des forces du régime ces derniers jours, des rebelles locaux ont pris le contrôle de la province de Deraa dans le sud de la ville éponyme. Ils ont également pris le contrôle du poste-frontière avec la Jordanie, qui a fermé sa frontière avec la Syrie. La province instable de Deraa, berceau du soulèvement de 2011, était repassée sous le contrôle du gouvernement en 2018 en vertu d’un accord de cessez-le-feu négocié par la Russie qui avait permis aux rebelles de garder leurs armes légères. 

Des rebelles locaux ont aussi annoncé avoir pris le contrôle de la province voisine de Soueida, fief de la minorité druze de Syrie, à la suite d’un retrait des forces gouvernementales. Soueida était le théâtre de manifestations antigouvernementales depuis un an et demi.

Les djihadistes de l’EI

Après avoir conquis de vastes zones en Syrie et en Irak en 2014, l’organisation djihadiste a subi des défaites successives jusqu’à perdre tous ses territoires en 2019 en Syrie. Les combattants repliés dans le vaste désert syrien continuent de mener des attaques sanglantes contre des civils, les forces du régime et les forces kurdes.

Les forces gouvernementales et la Russie

Après le début du conflit en 2011, l’armée syrienne avait perdu la majorité du territoire au profit des factions d’opposition, de combattants kurdes, puis des jihadistes du groupe État islamique (EI). L’intervention russe en 2015 avait changé la donne : soutenu militairement par Moscou, l’Iran et le Hezbollah, le régime avait repris le contrôle des deux tiers de la Syrie. Avant de le perdre, ces derniers jours, au profit du HTS et ses alliés. Cependant, dans l’ouest de la Syrie, la Russie, principal soutien de Bachar al-Assad, dispose toujours de la base aérienne de Hmeimim et d’une base navale au port de Tartous.


T.G.

Partager
Exit mobile version