Le premier ministre, Gabriel Attal, et le président de la République, Emmanuel Macron, à l’occasion de l’hommage à Maryse Condé, à la Bibliothèque nationale de France (BNF), à Paris, le 15 avril 2024.

L’« autorité », la « laïcité » et le « rôle de l’Etat » seront au menu d’un déplacement du premier ministre, Gabriel Attal, dans l’Essonne et d’une interview sur BFM-TV, jeudi 18 avril, pour marquer ses cent premiers jours à Matignon. Le chef du gouvernement, qui avait été nommé par Emmanuel Macron le 9 janvier, doit se rendre à Viry-Châtillon – ville marquée récemment par la mort de Shemseddine, 15 ans, battu jusqu’à ce que mort s’ensuive près de son collège –, où il prononcera un discours sur « l’autorité au cœur de la République ».

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« L’autorité doit s’appliquer partout, pour tous », a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, en annonçant ce déplacement. Le premier ministre doit « détailler un plan d’action bien précis sur cet enjeu qui est attendu de tous, dans la continuité de notre action depuis 2017 », a-t-elle ajouté.

M. Attal devrait notamment y annoncer le lancement d’une large concertation sur la violence des mineurs, souhaitée par Emmanuel Macron. « Le surgissement de l’ultraviolence dans le quotidien, chez des citoyens de plus en plus jeunes, exige un travail de temps long et qui engage tous les acteurs », a déclaré le chef de l’Etat à l’occasion du conseil des ministres mercredi, selon un participant qui a parlé à l’Agence France-Presse (AFP).

Quatre jeunes hommes, trois mineurs et un majeur, ont été mis en examen pour assassinat après la mort, au début d’avril, de Shemseddine, roué de coups près de son collège pour un différend lié à la sœur de deux d’entre eux. Ils ont tous été placés en détention provisoire. Le déplacement du premier ministre à Viry-Châtillon comportera aussi un volet judiciaire et un autre sur le « rôle de l’école », en particulier sur la question des internats, a appris l’AFP de source gouvernementale.

Crises

Entre le mouvement des agriculteurs, le dérapage budgétaire, les secousses dans le camp présidentiel après l’adoption de la loi « immigration » et la menace constante d’une motion de censure à l’Assemblée nationale, les crises ont jalonné les premiers pas de M. Attal à Matignon.

Mais, outre l’autorité et l’éducation, des sujets qui avaient été au centre de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée à la fin de janvier et au début de son mandat, le premier ministre entend également investir le thème du travail, avec une nouvelle réforme attendue de l’assurance-chômage pour en durcir les conditions, malgré les réserves de son camp. Il propose en particulier de réduire la durée d’indemnisation ou d’augmenter le temps de travail nécessaire pour bénéficier d’une indemnité afin d’« inciter davantage à la reprise de l’emploi ».

Le chef du gouvernement souhaite faire de la défense de la « classe moyenne qui travaille » le fil conducteur de son passage à Matignon. « Il y a un mouvement social dans le pays qui n’a pas de porte-parole, qui ne dit pas son nom, qui n’est pas qualifié comme tel. C’est la classe moyenne qui travaille. Et qui a le sentiment qu’elle a tous les devoirs, quand d’autres ont parfois tous les droits », expliquait-il au début d’avril au Monde.

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Le premier ministre devra également s’atteler aux finances publiques, dont les recettes sont plus faibles qu’attendu, selon l’exécutif. Alors que cette situation financière a provoqué des tensions dans le camp présidentiel – entre M. Macron et son ministre de l’économie, Bruno Le Maire –, et avant que ne se profile un automne budgétaire périlleux au Parlement pour M. Attal, le gouvernement doit trouver 10 milliards d’euros d’économie supplémentaire pour l’année 2024. Puis, en 2025, le gouvernement souhaite réaliser de nouveau 20 milliards d’économies, contre 12 initialement prévu, avec l’objectif de parvenir sous 3 % du produit intérieur brut en 2027.

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Dans un avis rendu public mercredi, le Haut Conseil des finances publiques sur le plan de stabilité pour la période 2024 à 2027 a néanmoins estimé que la trajectoire budgétaire de l’exécutif manquait de « crédibilité » et de « cohérence ». Dans ce contexte budgétaire et politique tendu pour Emmanuel Macron, les prochaines semaines à Matignon seront aussi marquées par la campagne des élections européennes, où la liste du camp présidentiel menée par Valérie Hayer est en difficulté face à celle du Rassemblement national portée par Jordan Bardella qui caracole en tête des sondages.

Le Monde avec AFP

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