Depuis les résultats des élections européennes, les débats sur la dette publique française se sont intensifiés. Compte tenu de l’importance de ce sujet et de l’exposition internationale de la dette française, il est crucial de l’aborder avec sérieux et sans idéologie, en tenant compte des réalités économiques. Le 19 juin, la Commission européenne a ouvert la voie à une procédure de déficit excessif contre la France. Quelques jours plus tôt, le taux d’intérêt des obligations d’Etat à 10 ans du Portugal est passé en dessous de celui des obligations françaises, désormais supérieur à 3 %. La dernière adjudication des bons du Trésor français, faite au lendemain des élections européennes, a montré un taux de sursouscription moins fort qu’habituellement.

Cette situation a conduit certains à instrumentaliser le sujet de la dette pour en faire un épouvantail. Pourtant, parler publiquement et prématurément de crise de la dette dans un contexte d’incertitude et de plus grande volatilité est dangereux. Rappelons-nous que notre dépendance actuelle aux marchés financiers internationaux est significative, 53,2 % de la dette française est détenue par des investisseurs non résidents.

Cette donnée doit être prise en compte dans toute déclaration ou tout programme économique si l’on souhaite que la dette reste un outil au service d’un projet politique, et ne s’impose pas comme la seule boussole à suivre. D’autant que les conditions de financement de notre dette ont évolué et que nous n’opérons plus dans l’environnement de taux zéro d’il y a quelques années.

Pas de chiffre magique pour la dette

Le déficit français actuel de 5,5 % en 2023 vient avec son lot de contraintes : sans une croissance durablement plus forte que le taux d’emprunt ou un ajustement budgétaire de l’ordre de trois points de PIB, le ratio dette-PIB continuera d’augmenter. La France a connu plusieurs dégradations récentes, mais la catégorie AA dans laquelle nous nous trouvons actuellement est encore considérée comme sûre – presque au même titre que la catégorie AAA. On changerait de paradigme si nous devions tomber en catégorie A : nous nous en approchons.

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Gardons à l’esprit que la dette française reste attractive pour les investisseurs qui valorisent les sous-jacents économiques français. La dette française est considérée comme sûre : notre dernier défaut date de 1797. Les 285 milliards que nous devons lever en 2024 trouveront preneurs. Cependant, nous devons savoir que nous bénéficions d’un effet d’aubaine : la forte demande pour la dette française est également due à une offre réduite des pays du Nord, l’Allemagne émettant 4 fois moins que la France en 2024.

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