Le 13-Novembre, suspendus à la fenêtre du Bataclan
Elle est suspendue dans le vide, accrochée à bout de bras à la corniche d’une fenêtre. La pointe de ses pieds a vaguement trouvé, à tâtons, un minuscule point d’ancrage mais on pressent qu’elle ne tiendra pas longtemps. Juste en dessous, dans la ruelle, des gens fuient en criant. Un garçon traîne un corps inerte. D’autres silhouettes sont enchevêtrées sur le trottoir. Une femme hurle « c’est mon mec, aidez-le ! ». On entend le bruit métallique de coups de feu qui claquent.
Et puis, dans un moment d’accalmie, la fille suspendue à la corniche supplie des ombres, en bas, que l’on devine cachées sous une porte cochère, « s’il vous plaît, je suis enceinte… s’il vous plaît, je vais lâcher… ». Il est 21 h 40, ce 13 novembre 2015, les terroristes ont ouvert le feu depuis quelques minutes, à l’intérieur du Bataclan.
Aux petites heures du matin, le lendemain, les images de cette jeune femme, suspendue dans le vide, au milieu du chaos de la fusillade, ont fait le tour du monde. Et aussi celles d’un homme, accroché comme elle à une fenêtre du Bataclan et qui a finalement quitté son abri pour la faire remonter à l’intérieur et la sauver de la chute.
C’est un journaliste du Monde qui les a saisis tous les deux, un peu à la volée, sans comprendre tout à fait ce qui se produisait alors. Lire la suite de la rencontre entre Charlotte, Sébastien et notre journaliste Raphaelle Bacqué :

