Vous souvenez-vous de cet ancien billet consacré au syndrome de Capgras ? Il existe un pendant tout aussi fascinant et en quelque sorte inversé : le syndrome de Fregoli.

Ces deux troubles appartiennent à la catégorie des délires d’identification des personnes (DIP). Dans le syndrome de Capgras, également appelé illusion des sosies, le patient est convaincu qu’un proche a été remplacé par un imposteur à l’apparence rigoureusement identique. À l’inverse, dans le syndrome de Fregoli, le patient croit qu’une personne familière, parfois plusieurs, change constamment d’apparence.

Leopoldo Fregoli, transformiste, pose dans plusieurs portraits en médaillon.

Quand un proche remplace d’autres personnes malgré de réelles dissemblances physiques

Le plus souvent, il identifie à tort plusieurs personnes de son entourage comme étant en réalité une seule et même figure malveillante, déguisée ou métamorphosée. Cette figure est perçue comme omniprésente, suivant le patient à la trace sous différents déguisements.

Il s’agit donc d’une croyance délirante selon laquelle un individu connu adopterait des apparences sans aucun rapport avec son apparence habituelle. En d’autres termes, des personnes sans lien physique apparent sont interprétées comme les manifestations d’un unique persécuteur aux multiples visages.

Il peut exister plusieurs variantes de ce syndrome, selon les combinaisons imaginées par le patient.

Premier cas de figure : une seule personne réelle, par exemple une connaissance occasionnelle, est prise à tort pour une personne connue.

Par exemple, une femme de 68 ans, atteinte de schizophrénie et ayant subi un AVC, a pris un autre patient hospitalisé, un quasi-inconnu, pour son mari décédé quatre ans plus tôt. Aucune ressemblance physique n’existait pourtant entre les deux hommes. Elle n’a fourni aucune explication quant à la prétendue présence de son époux dans l’établissement.

Un second cas concerne une femme de 38 ans persuadée qu’un inconnu aperçu sur les quais de la Tamise, à Londres, était en réalité un chauffeur de taxi américain qu’elle connaissait, mais déguisé pour ne pas être reconnu. Deux semaines auparavant, elle avait agressé ce même chauffeur à Los Angeles avant de se rendre au Royaume-Uni. Elle croyait également qu’un musicien russe vivant aux États-Unis, qu’elle connaissait lui aussi, avait engagé ce chauffeur pour la tuer. Selon elle, celui-ci se trouvait désormais au Royaume-Uni et avait eu recours à la chirurgie esthétique pour modifier son apparence.

Un autre cas est particulièrement remarquable en raison de la coexistence d’un syndrome de Fregoli et d’un syndrome de Capgras. Il s’agit d’une femme de 62 ans, atteinte de schizophrénie paranoïde, qui a développé un délire de Fregoli lors de son hospitalisation. Elle affirmait que son médecin, seule personne réelle, était en fait son mari… portant un masque de femme. Aucun élément ne suggérait une ressemblance physique entre les deux. De plus, son mari était décédé deux ans auparavant.

Son hospitalisation avait initialement été motivée par d’autres idées délirantes, en particulier la conviction que son fils de 20 ans avait été remplacé par un imposteur : un délire typique du syndrome de Capgras. Il n’est toutefois pas certain que les délires de Fregoli et de Capgras aient été présents simultanément chez cette patiente.

Parmi les autres combinaisons possibles, il arrive que plusieurs personnes réelles, par exemple des inconnus croisés à des moments différents, soient toutes identifiées à tort comme une seule et même personne connue, qui changerait sans cesse d’apparence physique.

En 1999, des psychiatres irlandais ont rapporté le cas d’un homme de 44 ans atteint de schizophrénie chronique, présentant un ensemble complexe de délires, dont plusieurs concernaient son environnement. Bien que la ville où il vivait ressemblait à une localité d’Irlande du Nord (ce qu’elle était en réalité), il était persuadé qu’il s’agissait de la « Terre du Milieu », l’univers fictif du Seigneur des Anneaux de Tolkien (1954). Son syndrome de Fregoli s’intégrait dans cette construction délirante : il croyait être suivi et persécuté par Saroumane, l’un des personnages du roman, qui prenait tour à tour l’apparence de différentes personnes qu’il croisait.

Enfin, une autre configuration se présente lorsque plusieurs personnes réelles, deux ou davantage, sont chacune identifiées à tort comme des personnes connues distinctes. Autrement dit, chaque personne réelle est associée de manière erronée à une personne familière différente. Il arrive aussi que plusieurs individus réels soient tous confondus avec une seule et même personne connue.

Certains patients présentent même des formes mixtes, combinant différentes configurations. Un exemple représentatif de cette configuration a été publié en 2004 par des psychiatres américains dans le Journal of Neuropsychiatry & Clinical Neurosciences. Il s’agit d’une femme de 30 ans qui identifiait à tort plusieurs inconnus comme étant plusieurs personnes connues, chaque personne réelle étant associée à une seule figure familière. Ainsi, elle prenait un autre patient de l’unité pour son petit ami, une infirmière pour sa mère, et l’assistante sociale pour sa sœur. Dans aucun cas il n’y avait de ressemblance physique entre les individus réels et les proches identifiés. Pourtant, la patiente était persuadée que sa mère, sa sœur et son compagnon avaient été physiquement transformés et qu’ils se présentaient désormais sous les traits d’étrangers.

Une autre observation clinique illustrant les formes mixtes du syndrome de Fregoli a été décrit en 1999 dans la revue Cortex. Des neuropsychologues new-yorkais ont rapporté le cas d’un homme de 61 ans qui a développé un syndrome de Fregoli, suite à un traumatisme crânien après une chute dans un escalier menant à son sous-sol. Son délire d’identification des personnes comportait pas moins de treize méprises réparties en quatre catégories distinctes : cinq erreurs concernaient des membres de sa famille, quatre des collègues de travail, trois d’anciennes connaissances, et une… lui-même.

Au cours de son hospitalisation en rééducation, alors qu’il discutait avec le personnel de son séjour, ce sexagénaire s’est approché d’un jeune homme gravement handicapé, en fauteuil roulant, qu’il n’avait jamais rencontré auparavant, et a affirmé qu’il s’agissait de son fils cadet. Il a maintenu ses dires malgré des différences physiques évidentes entre ce patient et son véritable fils. Même lorsque le personnel lui a fait remarquer ces divergences, le patient a persisté dans son erreur, convaincu d’avoir reconnu son enfant.

Il a multiplié les confusions impliquant ses proches. Il a notamment cru voir son fils aîné à la télévision, en train de boxer dans un reportage, affirmant que ce dernier ignorait probablement être filmé. Il a également identifié à tort une aide-soignante comme étant sa belle-fille, puis une autre jeune patiente comme sa seconde belle-fille.

Ce patient a raconté qu’il avait aperçu son fils cadet à l’hôpital, déguisé en fille afin d’intégrer un groupe de patientes. Selon lui, ce dernier aurait profité d’une place vacante dans le « groupe des filles » et s’y serait faufilé sous une fausse identité.

Enfin, ce même patient affirmait qu’un ancien collègue de travail se trouvait dans le même hôpital que lui, en fauteuil roulant. Il était convaincu que cet homme utilisait un faux nom, en réalité le nom authentique d’un autre patient du service. Par ailleurs, il identifiait à tort une autre patiente de l’hôpital comme étant une ancienne cliente avec laquelle il avait travaillé.

Un autre exemple, rapporté en 1987 par des psychiatres britanniques dans le Journal of Nervous & Mental Disease, illustre cette configuration dans laquelle des personnes réelles sont identifiées à tort comme deux personnes connues distinctes.

Le cas concerne une veuve de 66 ans, qui croyait reconnaître son cousin et la compagne de celui-ci sous les traits de divers inconnus croisés dans son environnement. La patiente entrait dans des descriptions très détaillées, évoquant les perruques, fausses barbes, maquillages et autres stratagèmes que le couple aurait utilisés pour se déguiser. Elle affirmait, par exemple, que la compagne de son cousin se faisait parfois passer pour un homme et que son cousin pouvait se faire passer pour un vieillard.

Malgré des différences physiques manifestes entre les personnes réelles et les personnes connues qu’elles étaient censées incarner, la patiente restait convaincue de leur identité. Persuadée d’être suivie par ce couple aux multiples visages, qu’elle considérait comme dangereux, elle modifiait régulièrement ses itinéraires pour leur échapper. Elle pensait qu’ils savaient qu’elle était la seule, au sein de la famille, à être au courant de leur relation et de leurs activités criminelles.

Un syndrome nommé d’après le transformiste italien Leopoldo Fregoli

Le terme « syndrome de Fregoli » a été introduit en 1927 par Paul Courbon et Gabriel Fail, en hommage à Leopoldo Fregoli (1867-1936), acteur et transformiste italien, célèbre pour son extraordinaire capacité à changer rapidement de costume et d’apparence sur scène.

Ces deux médecins ont décrit le cas d’une jeune femme de 27 ans, domestique et passionnée de théâtre. Elle croyait que deux célèbres actrices parisiennes de l’époque, Sarah Bernhardt et Robine, la persécutaient en s’incarnant dans les corps d’autres personnes qu’elle rencontrait : médecins, infirmières, inconnus ou amis. Ainsi, cette patiente pensait que Sarah Bernhardt, qu’elle avait vue sur scène un dimanche soir, était exactement la même personne que celle qu’elle avait croisée dans la rue le lundi suivant, sous les traits déguisés d’une inconnue.

Dans son délire, Robine ou Sarah Bernhardt la poursuivaient « pour lui prendre sa pensée, l’empêcher de faire tel ou tel geste, la forcer à en exécuter d’autres, donner des ordres et des envies… ». Ces actrices prenaient possession du corps d’autrui sans en modifier l’apparence extérieure, imposant leurs volontés à la patiente, un phénomène que Courbon et Fail ont baptisé « frégolification ». La patiente expliquait ainsi que l’actrice Robine « frégolifiait » son médecin en le transformant tantôt en son père décédé, tantôt en un médecin de son enfance.

Pour elle, les femmes croisées dans la rue ou les infirmières de l’hôpital, même sans aucun trait commun visible avec Sarah Bernhardt ou Robine, étaient en réalité ces actrices déguisées, venues la contrôler et lui imposer des actions contre son gré. Ainsi, les infirmières de l’hôpital l’empêchaient de « penser et d’agir ». Elle disait aussi : « Robine m’envoie des influx, elle m’impose des actes, elle m’oblige par exemple à me masturber à certains moments, et elle fait tout cela sous des déguisements les plus divers ».

Un syndrome souvent secondaire à une pathologie neurologique

La particularité des délires d’identification des personnes (DIP) est qu’ils peuvent survenir aussi bien dans des pathologies psychiatriques, a priori non organiques ou sans lésion cérébrale clairement identifiable à ce jour, que dans des affections neurologiques, associées à des lésions cérébrales objectivables.

Plusieurs études ont comparé les caractéristiques neuropsychiatriques des patients atteints du syndrome de Fregoli, selon que celui-ci apparaît dans le cadre d’un trouble psychiatrique primaire ou qu’il est secondaire à une atteinte neurologique.

En 2023, des neuropsychiatres londoniens ont publié la première méta-analyse portant exclusivement sur des cas de syndrome de Fregoli. Cette revue, la plus complète et la plus récente de la littérature médicale consacrée à ce trouble, a regroupé 83 articles décrivant au total 119 cas rapportés dans la littérature anglo-saxonne entre 1927 et fin 2020, soit un rythme de publication d’à peine 1,3 cas par an.

Au total, 89 patients répondant aux critères stricts du syndrome de Fregoli ont été retenus pour l’analyse. Parmi eux, 55 patients (62 %) présentaient ce syndrome dans un contexte de trouble psychiatrique primaire, c’est-à-dire non induit par l’abus d’une substance ou par une affection médicale sous-jacente.

La majorité de ces patients souffraient de schizophrénie (58 %), plus rarement d’un trouble bipolaire, d’une dépression psychotique, d’un trouble schizoaffectif (forme mixte associant des symptômes de la schizophrénie et des troubles de l’humeur) ou encore d’un trouble obsessionnel compulsif (TOC).

Environ 38 % des patients avaient développé un syndrome de Fregoli dans un contexte de psychose secondaire à une pathologie neurologique, le plus souvent un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un traumatisme crânien, parfois dans le cadre d’une maladie neurodégénérative ou d’une épilepsie.

Cette proportion élevée de formes secondaires conduit les auteurs de la méta-analyse à recommander que « les cliniciens privilégient une cause neurologique plutôt qu’une cause psychiatrique primaire chez tout patient présentant un syndrome de Fregoli, et demandent donc des examens d’imagerie cérébrale pertinents, tels qu’une IRM ».

La plupart des patients atteints d’un syndrome de Fregoli secondaire souffraient d’une pathologie neurologique identifiée (AVC, traumatisme crânien, maladie neurodégénérative, épilepsie, etc.). Ces patients étaient significativement plus âgés que ceux atteints d’un syndrome de Fregoli associé à une psychose primaire : en moyenne 60 ans contre 33 ans.

Chez les patients atteints de psychose secondaire, près des trois quarts présentaient des lésions localisées dans l’hémisphère droit, et plus de la moitié montraient des anomalies du lobe frontal. De même, une étude japonaise, publiée en 2020 dans la revue Brain and Behavior, a mis en évidence plusieurs zones cérébrales dont les lésions sont statistiquement associées à un syndrome de Fregoli survenant suite à un AVC, en les comparant à celles observées chez un groupe témoin. Ces régions incluent l’insula, le lobe frontal inférieur, le lobe temporal antérieur ainsi que le système limbique sous-cortical, toutes situées dans l’hémisphère droit.

En revanche, très peu de patients atteints de psychose primaire ont bénéficié d’une IRM cérébrale. Dans tous les cas, des études complémentaires en neuroimagerie structurelle et fonctionnelle demeurent nécessaires pour mieux caractériser la localisation des anomalies cérébrales, ainsi que les circuits neuronaux possiblement impliqués dans le syndrome de Fregoli.

En 2014, des neurologues et psychiatres italiens ont rapporté le cas d’une femme de 61 ans ayant développé un syndrome de Fregoli après une pneumonie aiguë associée à une infection urinaire. La littérature scientifique ne mentionne qu’un seul autre cas lié à une infection : une fièvre typhoïde.

En 2016, une équipe espagnole a décrit le cas d’une femme de 77 ans, atteinte de démence vasculaire, qui a développé un syndrome de Fregoli lors de ses séances d’hémodialyse. Elle était convaincue que plusieurs personnes présentes dans la clinique étaient en réalité le voisin de son fils, un homme qu’elle connaissait mais voyait rarement. Selon elle, cet homme la poursuivait et ne se manifestait que pendant les séances de dialyse, où il la narguait. Elle pensait également que le personnel de la clinique était au courant mais refusait d’intervenir. Un mois après l’apparition des symptômes, elle a changé de centre d’hémodialyse, sans amélioration. La raison pour laquelle ce délire s’intensifiait pendant l’hémodialyse reste inconnue, mais dans le contexte d’une démence, il est courant d’observer des fluctuations des capacités cognitives.

Quand le délire d’identification se double d’érotomanie

Dans de rares cas, le syndrome de Fregoli s’accompagne d’érotomanie, situation dans laquelle les patients en viennent à croire de manière délirante que quelqu’un est amoureux d’eux. Par exemple, une patiente croyait qu’un autre patient, sous un faux nom, était son ex-petit ami et qu’ils étaient toujours profondément amoureux.

Dans un autre cas, une patiente pensait être la petite amie d’Erik Estrada, un acteur américain, avec qui elle communiquait par télépathie à travers l’Atlantique. Elle était persuadée qu’il venait régulièrement dans sa ville natale, déguisé en une personne qu’elle connaissait ou en son petit ami actuel, qu’elle parvenait à distinguer grâce à une ancienne cicatrice sur le visage. Elle était convaincue qu’Erik Estrada était amoureux d’elle et prévoyait de l’épouser un jour.

Tentatives d’explications en neuropsychiatrie cognitive

En neuropsychiatrie cognitive, plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer les délires d’identification des personnes (DIP), notamment le syndrome de Fregoli. Ces explications s’appuient sur un modèle de reconnaissance des visages, différant selon le siège de l’anomalie responsable.

En 1990, deux neuropsychologues spécialistes de la reconnaissance faciale ont suggéré que le délire du syndrome de Fregoli provienne d’un dysfonctionnement des « nœuds d’identité des personnes » (person identity nodes, PIN) et du système cognitif qui leur est associé. Ces nœuds sont des zones du cerveau chargées d’associer un visage perçu à l’identité d’une personne connue, en intégrant diverses informations (visage, nom, contexte, souvenirs, émotions).

Selon cette théorie, lorsqu’une personne pense intensément à quelqu’un, les PIN correspondants peuvent être anormalement activés. Cette suractivation entraîne alors une fausse reconnaissance : le patient croit identifier cette personne même si elle n’est pas réellement présente.

Un exemple classique est celui de la patiente décrite en 1927 par Courbon et Fail, passionnée de théâtre au point de se priver de nourriture pour assister aux représentations. Son esprit mobilisait constamment les images mentales de ses actrices favorites, Sarah Bernhardt et Robine. Ainsi, lorsqu’un inconnu faisait un geste ressemblant à celui de Sarah Bernhardt (comme agiter les bras), la patiente croyait la reconnaître sous ce déguisement.

En résumé, ce modèle explique que le syndrome de Fregoli serait dû à une confusion cognitive où le cerveau associe à tort des personnes différentes à une seule et même identité familière, en raison d’une activation excessive et inappropriée des « nœuds d’identité ».

D’autres modèles cognitifs ont été proposés pour expliquer ce syndrome. En 1998, Ramachandran et Blakeslee (San Diego, Californie), ont émis l’hypothèse que les patients atteints de ce délire présentent des connexions anormalement hyperactives entre les systèmes de reconnaissance faciale et le système limbique, notamment l’amygdale, qui joue un rôle clé dans la gestion des émotions. Autrement dit, contrairement au syndrome de Capgras où il y a une absence ou une réduction de la réponse émotionnelle lors de la reconnaissance d’un visage, dans le syndrome de Fregoli, la réponse émotionnelle serait excessive ou inappropriée.

Plus tard, en 2005, William Hirstein, un chercheur d’Elmhurst (Illinois), a proposé que les délires d’identification des personnes résulteraient d’un déficit dans la capacité à « lire » ou comprendre émotionnellement autrui. Ce déficit entraînerait un décalage entre la représentation interne qu’on se fait d’une personne (c’est-à-dire sa personnalité, ses croyances, ses émotions) et sa représentation externe, soit son apparence physique. En clair, le cerveau peinerait à associer ce qu’il « ressent » de l’autre avec ce qu’il voit, ce qui entraînerait une confusion entre l’identité réelle et perçue.

Absence de traitements réellement efficaces

Lorsque le syndrome de Fregoli est secondaire à une autre maladie, le traitement repose principalement sur la prise en charge du trouble psychiatrique ou neurologique sous-jacent. Les antipsychotiques sont souvent utilisés en première intention, mais d’autres approches comme l’électroconvulsivothérapie (électrochocs), les médicaments antiépileptiques ou le lithium ont aussi été employés.

Par ailleurs, les données publiées restent très limitées concernant l’efficacité des neuroleptiques atypiques (antipsychotiques modernes, notamment utilisés pour la schizophrénie) ou des antidépresseurs dans le traitement des délires d’identification des personnes.

Survenue d’un syndrome de Capgras et de Fregoli chez un même patient

Dans de très rares cas, le syndrome de Capgras (illusion des sosies) et le délire de Fregoli peuvent se manifester chez une même personne, ce qui suggère une base commune à ces troubles.

En 1992, des psychiatres californiens ont rapporté le cas d’un homme de 41 ans qui a d’abord présenté un syndrome de Capgras, avant de développer une illusion de Fregoli. Au départ, il croyait que sa femme n’était plus sa femme, puis il a développé un délire dans lequel sa mère décédée avait l’apparence de sa femme. Tout un programme…

Pour en savoir plus :

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Le Monde

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