Maintenir le cap, même au prix de la lenteur, du manque d’ambition et des renoncements. Le bilan de la COP30 de Belem (Brésil), qui s’est achevée samedi 22 novembre, peut se résumer à cet équilibre insatisfaisant, oscillant entre une grosse déception et un petit soulagement. Les délégations de 194 pays sont bien parvenues à un accord, mais celui-ci reste éloigné des attentes et de l’urgence climatique.
Dans un monde multipolaire, caractérisé par des tensions géopolitiques et commerciales grandissantes, où les Etats-Unis, première puissance mondiale, contestent le changement climatique et où une défiance structurelle existe entre le Nord et le Sud, il n’y aura pas eu le sursaut indispensable pour accélérer la mise en œuvre des engagements de l’accord de Paris, adoptés il y a tout juste dix ans.
Le verre peut être regardé à moitié plein, en constatant que la ligne adoptée par les Etats-Unis de Donald Trump n’a pas créé de dynamique poussant à remettre en cause la réalité du changement climatique et la nécessité d’agir. Les 194 pays ont « réaffirmé avec force » leur engagement en faveur du multilatéralisme et de l’accord de Paris. Le pire a été évité. Quelques avancées ont été également enregistrées, comme la hausse des efforts financiers en faveur de l’adaptation. Mais les nations les plus vulnérables aux canicules ou aux inondations doivent se contenter d’objectifs interprétables à souhait.

La déception liée à cette COP30 se mesure essentiellement à ses impasses. Dans le jeu de marchandage des négociations, les grands pays émergents, Inde et Arabie saoudite en tête, sont parvenus à manœuvrer pour épargner les énergies fossiles, principale source d’émission de gaz à effet de serre. L’Union européenne (UE) a fini par se retrouver isolée, avec les pays latino-américains, pour défendre la sortie du charbon, du pétrole et du gaz.
Les Vingt-Sept auraient sans doute pu surmonter l’indécision des pays africains et des petites îles en acceptant d’accélérer le financement de la transition climatique, dont les Européens sont déjà les premiers contributeurs. Mais l’UE s’est fermée à toute nouvelle demande financière des pays du Sud dès le début des négociations, une posture qui a heurté ces derniers et empoisonné les autres dossiers. Le Vieux Continent le martèle : il ne veut pas payer seul l’addition après la défection des Etats-Unis, d’autant plus à une époque d’austérité budgétaire et d’offensive populiste contre la transition.
L’UE, plutôt que de jouer la carte de la meilleure élève sur la défensive, aurait intérêt à construire de nouvelles alliances avec l’Afrique, les pays latino-américains, les petites îles pour retrouver son leadership en matière de climat. Une œuvre de longue haleine, mais qui est indispensable pour lancer une nouvelle dynamique.
Le processus des négociations doit également être repensé. Les COP sont les seules enceintes pour maintenir le climat en haut de l’agenda et où tous les pays peuvent faire entendre leur voix. Revers de la médaille : chacun défend ses priorités nationales et son modèle de développement. La raison d’être des COP a évolué, de la négociation d’accords à la mise en œuvre d’engagements. Cela implique qu’au-delà des alliances, il faut chercher à entraîner les autres pays, en étant soi-même ambitieux à domicile.
Après tout, les COP ne sont que des caisses de résonance de la volonté des pays, et ne peuvent pas aller plus loin que les décisions nationales. Mais chacun doit garder en tête qu’en matière de climat, ne plus avancer, c’est déjà reculer. De ce point de vue, Belem est une occasion ratée.

