Centrale nucléaire de Penly, à Petit-Caux (Seine-Maritime), le 9 décembre 2022.

Réacteurs nucléaires et barrages hydrauliques ont un point commun. Les deux principales sources d’électricité en France (près de 77 % de la production en 2023) ont besoin d’eau, par exemple pour le refroidissement des réacteurs et la production des barrages. Or le réchauffement de la planète menace les ressources aquatiques du pays. En perspective : sécheresses, conflits d’usage, baisse des débits. « Des risques accrus » pèseront donc sur ces installations dans les décennies à venir, rappelle la Cour des comptes, mardi 12 mars, dans son rapport public de 2024, un an après un travail spécifique sur le nucléaire.

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D’après l’institution, « les exploitants (…) doivent encore intensifier leurs actions d’adaptation » au changement climatique. Pour autant, nuance-t-elle, ils ont déjà « largement intégré » la question « dans les référentiels et normes de sûreté ».

Le rapport concerne au premier chef EDF, responsable du parc nucléaire français. Avec son projet Adapt, depuis 2021, le groupe public entend modéliser le pays à l’horizon de 2050. Ses cinquante-six réacteurs aujourd’hui en opération ont une moyenne d’âge de 38 ans révolus ; il étudie la possibilité de les mener jusqu’à 60 ans ou plus. Certaines centrales sont déjà protégées d’une digue, comme à Gravelines, par anticipation de la montée des eaux.

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Comme le veut le gouvernement, l’électricien planche par ailleurs sur la construction de six nouveaux réacteurs d’ici à la moitié du siècle, voire de huit autres par la suite. Ces unités sont prévues pour durer au moins soixante ans. De quoi situer le débat à très long terme, potentiellement au-delà du XXIe siècle.

EDF assure aussi la majorité (environ 70 %) de la production hydraulique dans le pays, loin devant la Compagnie nationale du Rhône, société anonyme d’intérêt général (environ 25 %).

Un impact limité

A ces deux exploitants, la Cour des comptes demande d’« identifier et mesurer les coûts d’adaptation au changement climatique (…), en fonctionnement comme en investissement ». Une autre recommandation est faite, d’abord au ministère de l’économie et à celui de la transition écologique : « Fiabiliser les mesures de prélèvement et de consommation d’eau des centrales nucléaires. » Et pour cause, les statistiques gouvernementales ont subitement changé au premier trimestre 2023 : la consommation d’eau pour les centrales est désormais estimée à 12 % du volume d’eau consommé chaque année en métropole, et non plus à 31 %.

Pour l’heure, le réchauffement climatique n’a eu qu’un impact limité sur ces installations. Si certains réacteurs sont parfois soumis à l’obligation d’une restriction de leur activité, c’est en raison du droit de l’environnement : lorsqu’ils rejettent leurs effluents, ils doivent éviter le réchauffement des cours d’eau au-delà d’une température maximale. En cas de besoin électrique, l’Autorité de sûreté nucléaire peut cependant accorder des dérogations.

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