Dans une maison de retraite à Isturitz (Pyrénées-Atlantiques), lors d’un épisode de forte chaleur, le 15 juin  2022.

La France évalue efficacement la mortalité imputable aux vagues de chaleur, mais elle en méconnaît la morbidité, c’est-à-dire les conséquences sur la santé des populations. Tel est le constat dressé par la Cour des comptes dans son rapport public annuel consacré à « l’action publique en faveur de l’adaptation au changement climatique », publié mardi 12 mars, qui appelle à des « mesures vigoureuses » sur le sujet.

L’institution rappelle les mesures prises après la canicule meurtrière d’août 2003, qui avait suscité un excès de mortalité de 60 % (soit 15 000 personnes décédées) : plans canicule, alertes météo spécifiques, registres des personnes âgées et isolées et « salles rafraîchies » dans les maisons de retraite. Malgré ces dispositifs, note la Cour, les canicules ont encore causé au moins 2 000 décès en excès en 2020 comme en 2022.

Développer la recherche clinique

Les publics les plus fragiles, rappelle l’institution, sont les personnes âgées, les enfants et les sans-abri. A l’été 2022, 200 000 passages aux urgences ont été attribués aux vagues de chaleur, soit une hausse d’activité de 3,4 % pour un coût de 54 millions d’euros. Les canicules suscitent un surcroît de nausées, malaises et fièvres, mais aussi d’états dépressifs et de troubles de l’humeur. L’activité des urgences pour problèmes rénaux (insuffisances ou infections) augmente d’un tiers lors d’une canicule d’un à trois jours, et de 70 % au-delà de sept jours. En revanche, l’activité de traumatologie chute en raison de la limitation des activités physiques.

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Pour mieux faire face, la Cour appelle à développer la recherche clinique et à évaluer la performance thermique des établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux alors qu’à ce stade « aucune étude nationale n’a été engagée pour connaître la qualité du parc immobilier et sa capacité à garantir la résilience d’été ». L’institution suggère aussi de renforcer la communication, par exemple au moyen du système FR-Alert qui permet aux autorités d’envoyer des SMS en cas de danger imminent. Ce dispositif n’a pas été employé lors des vagues de chaleur de 2022 et de 2023, selon la Cour.

Une autre piste consisterait à réformer le registre des personnes de plus de 65 ans et des adultes handicapés que les communes doivent tenir afin de s’assurer de leur état de santé en cas de situation critique. L’inscription se fait aujourd’hui sur la base du volontariat, et l’accord de chaque inscrit pour y figurer doit être demandé chaque année. Ces modalités font que les registres recensent moins de 10 % des personnes vulnérables d’après la Cour, qui propose de remplacer le principe de l’accord annuel par celui d’une absence d’opposition afin de couvrir davantage de personnes.

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