Si Michel Barnier veut réduire les dépenses publiques comme il l’a annoncé, il n’a pas à chercher bien loin comment s’y prendre. Les armoires de Matignon regorgent de rapports de la Cour des comptes sur les économies possibles. Et sur le bureau même du premier ministre vient d’arriver un document qui analyse la dérive budgétaire spécifique des collectivités locales, et suggère des mesures correctrices. Dont la suppression de 100 000 postes d’agents locaux.

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Commandé par le prédécesseur de M. Barnier à Matignon, Gabriel Attal, ce rapport, dévoilé mercredi 2 octobre, confirme le dérapage actuel des finances des communes, départements et régions, qui représentent ensemble 18 % des dépenses publiques.

L’ex-ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait lancé l’alerte, début septembre, en évoquant un écart de 16 milliards d’euros entre le déficit des collectivités locales initialement prévu pour 2024 et celui qui se profile réellement. Le rapport du 2 octobre corrobore cette analyse. « La trajectoire financière des collectivités dérape de plus en plus », écrivent les magistrats.

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D’un côté, les recettes de TVA progressent moins que prévu. Quant à celles tirées des taxes sur les transactions immobilières, elles connaissent « une chute plus prononcée qu’anticipé » : à la fin août, elles reculaient de 20 % par rapport à la même période de 2023. De l’autre, les dépenses augmentent à vive allure. Sur les huit premiers mois de l’année, celles de fonctionnement ont crû de 5,4 % à périmètre constant, en raison à la fois d’une hausse des rémunérations, du recours croissant à des prestataires extérieurs, et d’un accroissement du nombre de bénéficiaires de certaines aides, comme l’allocation personnalisée d’autonomie. Les dépenses d’investissement montent encore plus rapidement (+ 13 % en un an).

Un objectif « de plus en plus hypothétique »

Résultat : le besoin de financement des collectivités locales « va connaître une hausse considérable par rapport à 2023 », donc les conduire à s’endetter d’autant, note la Cour des comptes. Et l’objectif officiel visant à ce que les collectivités dégagent un excédent de financement de plus de 17 milliards d’euros à l’horizon 2027 « apparaît de plus en plus hypothétique ».

« Je préside la commission des finances de mon département et, pour la première fois, je n’arrive pas à boucler mon budget, témoigne Véronique Louwagie, députée (Les Républicains) de l’Orne. L’Etat nous a transféré des missions, le nombre de mineurs non accompagnés à prendre en charge croît de 20 %, celui des allocataires du revenu de solidarité active grimpe aussi, les rémunérations des agents sont revalorisées, et je perds 14 millions d’euros de taxes sur les transactions immobilières. On va donc devoir tailler à la serpe dans les dépenses. »

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